Guide : La diapause chez les fourmis.

Guide d'élevage

La diapause !

Tout d’abord, qu’est-ce que la diapause ? 

Chez les insectes, la diapause est un mécanisme d’adaptation aux conditions environnementales, l’insecte adopte un mode de vie ralenti durant les périodes les moins propices au développement, en l’occurrence les saisons selon le climat. Il va alors vivre sur ses réserves en attendant de meilleures conditions. 

 

Chez les fourmis, on rencontre la diapause sous différentes formes. En élevage vous entendrez souvent parler de “diapause obligatoire” et de “diapause facultative”. 

Nous allons donc expliquer les différences majeures entre ces termes ! 

 

 

Un peu de biologie pour commencer : 

 

Vous serez sûrement amené lors de vos recherches d’informations à voir les mots Endogène-hetérodynamique et Exogène-hetérodynamique. Qu’est-ce que cela signifie ? 

 

Endogène-hetérodynamique Les espèces adoptant ce mode de fonctionnement rentrent en diapause automatiquement en fonction des saisons, c’est un comportement qui n’est pas seulement influencé par les températures extérieures mais directement par un facteur génétique (ex: Formica, Lasius, Camponotus..).

La majorité des fourmis endémiques sont endogènes, la diapause de celles-ci est donc primordiale sous peine de voir sa colonie dépérir au fur et à mesure.

Exogène-hetérodynamiqueLes espèces exogènes, contrairement aux précédentes, entament un ralentissement exclusivement via les facteurs externes, une baisse progressive de la température engage le ralentissement de leur métabolisme. Ce sont souvent les espèces cantonnées aux régions géographiques où le climat est plus favorable en hiver qui fonctionnent ainsi (Messor, Crematogaster, etc..). 

Pour celles-ci, on entendra souvent dire que la diapause est facultative, c’est un sujet qui fait débat en myrmécologie depuis des années. Supprimer la diapause n’aura pas d’impact direct sur la colonie, toutefois il faut garder à l’esprit que cela peut diminuer la longévité de  la colonie. Une simple baisse des températures pendant la période de froid peut donc suffire à créer un ralentissement bénéfique au maintien de notre colonie. 

Enfin sachez qu’il existe un troisième cas de figure, (que l’on rencontre plus rarement chez les endémiques.) les exogènes homodynamiques, ces espèces ne modifient pas leur développement tout au long de l’année, la période hivernale n’est donc qu’une contrainte à leur évolution, et les basses températures peuvent donc leur être fatales. L’exemple le plus connu parmi nos fourmis endémiques est Pheidole pallidula.

 

La diapause en pratique 

Maintenant que nous avons vu les différentes méthodes d’adaptation des fourmis, nous allons nous attarder sur comment procéder. 

La première partie traitera des aspects techniques et pratiques d’une mise en diapause et la deuxième des spécificités d’une diapause australe (nécessaire aux espèces issues de climats différents du climat tempéré européen). Enfin en troisième point, quelques autres aspects à prendre en compte.

La mise en diapause

Il est d’abord primordial de bien se renseigner sur les moyens dont on dispose pour effectuer une mise au froid. 

En effet, selon l’endroit où nous habitons, il sera plus aisé pour certaines personnes de placer des fourmis dans un endroit frais l’hiver. 

Dans le cas d’un premier élevage, il sera donc impératif de réfléchir sur ce point avant d’accueillir l’espèce que l’on choisira. 

 

Il y a donc plusieurs méthodes et plusieurs façons d’aborder la diapause. 

 

Aspects techniques

 

La première consiste à placer ses fourmis dans un endroit qui suit les températures extérieures. 

Cela peut être un garage, une cave, un grenier, un cabanon ou encore une pièce non chauffée. 

Il faudra juste veiller à ce que l’endroit soit hors gel, des températures se rapprochant de 0° pouvant être fatal aux fourmis.

Il faudra aussi bien se renseigner sur les espèces que l’on maintient, toutes ne demandant pas forcément les mêmes besoins sur les températures et la durée de la mise au froid.

L’avantage de cette technique, c’est dans un premier temps que cela crée un cycle “naturel”, les températures fluctuant avec les saisons, on ne sera pas obligé d’effectuer de grosses transitions en automne à l’entrée de diapause et au printemps en sortie de diapause, en effet les gros changements de température soudains pourraient créer des chocs thermiques à vos fourmis et leur seraient fatals.

 

L’inconvénient c’est que, selon l’endroit qu’on aura choisi et selon la région, on ne puisse pas contrôler la température durant les grosses périodes de froid.

Deuxième méthode envisageable : la mise au frais via un réfrigérateur ou une cave à vin. 

 

C’est une solution utilisée par nombre d’éleveurs, qui est assez avantageuse si on habite dans un endroit où il n’est pas possible d’avoir une pièce attitrée à la mise au frais, les appartements sans jardin, ni garage par exemple. 

 

Il faudra juste faire attention à bien gérer la transition pour, encore une fois, éviter les problèmes liés aux chocs thermiques.

Le plus gros inconvénient de cette méthode, c’est que l’on ne dispose pas d’une très grande place, on casera difficilement une colonie de plusieurs milliers d’individus dans une cave à vin par exemple.

 

Autre inconvénient qui peut être à la fois un avantage, on contrôle nous même la température, il n’y a donc normalement aucun risque que les températures baissent trop d’un seul coup, mais il est aussi plus difficile de simuler les variations de température qu’offre la météo. 

 

 Comment opérer ?

 

Maintenant que l’on a les clefs pour envisager notre diapause, il nous reste à savoir que faire avant, pendant, et après celle-ci. 

 

Avant la diapause, pour les espèces endogènes, on observera un net ralentissement de l’activité, et un ralentissement du développement du couvain, c’est ce qu’on appelle la période de pré-diapause, dans la nature c’est la période où les fourmis vont effectuer toutes sortes de tâches pour passer l’hiver au mieux, aménagements du nid, dernières chasses d’insectes, etc.. 

En captivité, c’est la période où il faudra gaver nos protégées afin qu’elles aient assez de réserve pour les longs mois de mise au froid. 

Ne lésinez pas sur les protéines et sur des liquides sucrés variés durant cette période, plus vos fourmis ont de physogastrie, plus elles auront de réserves.

 

Durant la diapause, il n’est normalement pas nécessaire de nourrir ce petit monde, sachez que les fourmis cessent toute activité et rentrent en léthargie, leur métabolisme est donc au ralenti.

Certaines personnes nourrissent par sécurité leurs colonies durant la diapause, il n’y a pas de données sur une réelle utilité, sachez simplement que de la nourriture non consommée restant dans un tube ou une adc est source de nourriture pour des détritivores, donc un attrait de plus pour les acariens.

Toutefois pour les espèces semi-claustrales comme les fondations de Myrmica ou Manica qui ne possèdent pas énormément de réserves, il peut être envisageable de fournir un peu de liquide sucré durant la période de froid, on prendra soin de le retirer si il n’est pas consommé. 

 

Ensuite une fois la diapause effectuée, rien de sorcier, on replacera ses fourmis là où on souhaite les voir évoluer, toujours en respectant une douce transition des températures. 

Inutile de surchauffer vos fourmis en début de période d’activité, dans la nature il fait rarement 30°C fin février ou début mars. 

Les fourmis reprennent leur développement et les pontes quelques jours voire quelques semaines après la remontée des températures, tout n’est donc que question de patience ! 

 

Diapause australe

En cours de construction…

Autres aspects

 

En cours de construction…

 

Suivant la région du monde dont est originaire l’espèce que vous maintenez, d’autres paramètres autres que la température peuvent également avoir une influence. Ceci dit, ils sont le plus souvent négligés car méconnus. Le cycle des saisons dans d’autres contrées du globe peut se traduire non pas par une baisse significative de températures mais par une alternance entre saison humide et sèche. Il serait donc approprié d’augmenter ou réduire l’hygrométrie ( humidité dans l’air) et l’humidité du nid selon les besoins de l’espèce.

Sources et crédits :

Guide rédigé par Triturus

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