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Diacamma rugosum de Claviger

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claviger
(@claviger)
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Début du sujet
 

Bonjour !

J'entame un nouveau blog, au sujet d'une colonie qui vient de me parvenir. Inutile de vous cacher l'espèce en question, puisque vous avez lu le titre : Diacamma rugosum, alias "the queenless ponerine ant".

 

Les Diacamma sont des Ponerinae largement réparties en Asie tropicale. Elles se retrouvent en particulier dans les milieux forestiers, où elles entrent souvent en concurrence avec Odontoponera transversa. Les colonies sont de petite taille, ne contenant généralement pas plus d'une ou deux centaines d'individus, et logent directement dans la terre ou sous des pierres. Comme la quasi-totalité des membres de la sous-famille, ce sont des chasseuses avides de proies moribondes, exécutées à l'aide d'une piqûre efficace et découpées par des mandibules puissantes.

La principale caractéristique de ce genre est son système de reproduction original. Comme chez un certain nombre de fourmis peu évoluées, le rôle de pondeuse n'est pas assuré par une gyne, mais une gamergate ; autrement dit, une ouvrière fécondée et dominante. Chez les Diacamma, c'est la seule ouvrière de la colonies à posséder deux petits organes oranges, situés là où s'insèrent normalement les ailes des gynes, qu'on nomme les gemmes. En réalité, à chaque fois qu'une nouvelle ouvrière sort de son cocon, elle possède ces fameuses gemmes ; mais la gamergate en personne vient les lui arracher, la contraignant ainsi au rôle de simple ergate. Les choses sont bien faite, et après la mort de la gamergate, dont l'espérance de vie n'est pas beaucoup plus longue que celles des ouvrières lambda, la première ouvrière à sortir d'un cocon gardera ses gemmes, se fera féconder et pourra ainsi prendre la relève.

 

Voilà pour vous donner un rapide aperçu de la bête. Cette présentation est bien concise, je vous l'accorde. Mais qui sait ? Peut-être qu'un jour, votre site préféré vous proposera une fiche d'élevage complète sur cette espèce...

 

Bref, passons à ma colonie.

Tout commence le 7 octobre 2020.

 

Une soirée normale en perspective... Si une notification de Discord n'était pas apparue sur mon téléphone, me signalant un nouveau message privé venant de One.

 

"On fait une énorme commande groupée à Hong-Kong. Y'a plein de fourmis, la liste est monstrueuse. Y'a [...] de la Diacamma à 10 euros. Ça t'intéresse ?"

 

J'en ai un peu honte, mais j'ai sauté sur l'occasion sans réfléchir... Et, comme vous l'aurez deviné, les fameuses Diacamma se trouvaient dans ma liste.

Je vous passe les quelques péripéties de la commande groupée ; toujours est-il qu'après un long trajet depuis Hong-Kong, avec une seule escale chez Ender (que je remercie encore une fois infiniment !), le colis arrive enfin dans la boîte aux lettres hier, vendredi 13 novembre.

 

Je repère rapidement le tube qui les contient, épais et rempli de carton pour apporter un support à ses occupantes. Sa paroi est trouble ; cependant, on distingue à l'intérieur de grandes formes qui s'agitent... De temps à autre, une antenne inquisitrice sort par un trou d'aération pour goûter l'air extérieur. Elles sont vivantes !

Mais il reste un paramètre à vérifier... La présence ou non d'une gamergate. Chez les Diacamma, il y a toujours de grandes chances pour que les colonies arrivent sans cette ouvrière fécondée ; dans ce cas, à moins de tenter l'adoption, ces colonies ne peuvent pas prospérer en l'absence d'une pondeuse. Je décide de vérifier ce qu'il en est de la mienne avant toute chose.

Pendant la commande, le grand et fameux Baptise, que je remercie chaleureusement, nous avait fait part des façons de la reconnaître. Le critère qui ne trompe pas est physique : il s'agit de la présence des fameuses gemmes sur le thorax. Celles-ci sont cependant discrètes, et ne se remarquent pas aisément à l'œil nu. Il faut donc observer le comportement des ouvrières pour tenter de deviner laquelle les porte.

La gamergate est souvent beaucoup plus calme que ses consœurs ; ces dernières ont également tendance à se rassembler systématiquement autour d'elle, voir à la recouvrir.

Voilà pour la théorie ; maintenant, comme vous vous en doutez, la pratique n'est pas toujours aussi aisée.

 

Je renverse le contenu du tube dans une grande boîte ; 33 ouvrières sont vivantes, 8 sont décédées pendant le transport. Je vérifie les cadavres de ces dernières à l'objectif macro ; aucun ne porte de gemme. Ouf !

Les vivantes se rassemblent en deux groupes dans la boîte ; dans chacun d'eux, environ les deux tiers des ouvrières se montrent très agressives et sautent sur le coton-tige que je leur présente pour l'attaquer ; je devine qu'aucune d'elles n'est celle que je cherche. Les restantes ne sont pas moins farouches, et au contraire détalent à toute allure pour fuir l'"agresseur".

Certaines ouvrières me semblent plus calmes que d'autres ; je les isole dans un tube pour regarder leur thorax à l'objectif macro... En vain, aucune ne semblait porter de gemme.

Je commence à perdre espoir, quand soudain le coton-tige heurte une ouvrière qui n'y prête pas la moindre attention et reste bêtement en place. Elle est étonnamment docile, et je n'ai aucun mal à la faire monter dans le petit tube. Et là, sous l'objectif... Bingo ! Les deux petites perles oranges sont là. Je les distingue à peine sous l'épaisse crasse du tube... Mais oui, elles sont néanmoins visibles au milieu du thorax.

Je la relâche au milieu de ses congénères ; c'est maintenant évident, toutes se rassemblent autour d'elle. C'est bien elle, la gamergate ! La colonie a donc un avenir... 

 

Je les installe maintenant dans leur set up provisoire, qui ne sera effectif que le temps que la colonie se "stabilise".

Pour cette phase de stabilisation, j'ai opté pour un module de petite taille, et de surcroît très rudimentaire : une simple boîte en plastique avec un fond de substrat, celui-ci recouvert de feuilles mortes ; une boîte de pétri renversée fait office de nid. Le tout est humidifié quotidiennement.

Une fois placées dedans, les Diacamma se sont rapidement installées dans leur nid, et en ont promptement aménagé les entrées à l'aide des morceaux de feuilles mortes.

Elles ont eu pour toute nourriture une blatte assommée et un bloc de beetle jelly ; la première a été ramenée au nid sitôt trouvée et est en train de se faire dévorer à l'heure où j'écris ces lignes, et quelques morceaux du second ont été arrachés, eux aussi afin d'être partagés entre l'ensemble de la colonie.

Je ne me lasse pas de les observer... Tout dans leur comportement est simplement délicieux, que ce soit leur manière de se nourrir, d'interagir avec leurs congénères, ou simplement de se mouvoir ; tout en elles semble accompagné d'une apparente "intelligence" propre aux ponéromorphes, qu'on ne retrouve pas chez les fourmis évoluées.

Bref, j'ai hâte de connaître la suite ; à plus tard pour le prochain billet !

Le Q/R : https://antariums.com/blog-d-elevage/question-reponse/q-r-diacamma-rugosum-de-claviger/  

 
Posté : 14/11/2020 4:04 pm
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