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Crematogaster kneri dakarensis de Claviger

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claviger
(@claviger)
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07/10/2020

Bonjour !

J'entame un nouveau blog, celui-ci au sujet de ma jeune fondation de Crematogaster kneri dakarensis. Je commence par une petite description de l'espèce (ou plutôt de la sous-espèce), qui sera relativement concise et très "brodée", car on ne peut pas dire qu'il y ait une grande documentation autour de cette sous-espèce, tout comme pour l'écrasante majorité des fourmis tropicales. C'est honnêtement une chose qui me plaît bien : j'apprécie beaucoup ce petit défi d'élever une fourmi dont on ne connaît presque rien, et d'avoir le privilège de pouvoir être l'une des premières à observer ses comportements en captivité au fil de l'élevage ; même si, je dois bien l'avouer, il n'y aura probablement que peu de surprises avec cette proche parente de la bien connue Crematogaster scutellaris.

 

Notre chère dame orangée, de son nom complet Crematogaster (Sphaerocrema) kneri dakarensis Santschi 1914, est une Crematogaster avoisinant les trois millimètres, de couleur majoritairement brune, localisée à l'Afrique de l'Ouest. Elle fut originellement décrite comme une variété (à noter que cet ancien terme taxonomique de "variété" est scientifiquement obsolète à l'heure actuelle) de Crematogaster pronotalis, à partir de spécimens collectés en 1913 à Dakar. Ce n'est ensuite qu'en 1926 qu'elle sera rangée comme sous-espèce de Crematogaster kneri, statut auquel elle se trouve encore actuellement, bien que certains lui attribuent le rang d'espèce en la nommant Crematogaster dakarensis.

Les critères d'identification la séparant des Crematogaster kneri "typiques" sont pour la plupart assez subtiles. Le seul réellement appréciable à l'œil nu est la structure du corps bien plus lisse de dakarensis, lui conférant un aspect brillant.

 

Je n'ai pu trouver qu'un seul paragraphe à propos de leur biologie, sur l'excellent site Ants of Africa. Selon celui-ci, les colonies se rencontrent la plupart du temps sous les écorces et dans le bois mort. Elles élèvent des cochenilles dont elles récoltent le miellat, et vont même jusqu'à construire des "tentes" de débris végétaux au-dessus de celles-ci afin de les protéger.

Bref, c'est une lignicole, comme notre bien connue Crematogaster scutellaris, dont elle partage la silhouette, l'agressivité, et le ô combien mignon gastre pointu.

 

Après huit jours de voyage depuis le Sénégal, elles arrivent finalement chez moi ce midi.

Premier constat : elles sont magnifiquement splendides. Leur teinte brune, aux nuances oranges à la lumière, le tout accompagné de leur brillance caractéristique, est un vrai régal pour les yeux.

Après la stupéfaction vient l'état des lieux. Un trajet de plus d'une semaine n'est jamais sans impact sur une fondation, et il y a eu quelques pertes d'ouvrières ; neuf ont survécu. Le couvain a quant à lui été presque intégralement dévoré, et il ne persiste que trois jeunes larves. Deux ténérals sont présents, dont un mort-né.

Mais le plus important est là : la gyne, resplendissante, encore ailée, trônant au milieu du tube.

 

Elles ne disposent pour l'instant que d'une ADC rudimentaire, à savoir une boîte en plastique affreusement dénudée. Dans le futur, je leur proposerai bien entendu une installation plus "développée".

Je leur ai tout de même mis à disposition un tube sec, dans le cas où elles préfèreraient s'y installer au vu de leurs mœurs lignicoles. Elles se tiennent loin de la réserve d'eau de leur tube actuel, presque à sa sortie ; le temps nous dira si elles décideront de déménager dans un environnement nidal moins humide.

 

À peine le tube fut-il ouvert que quelques ouvrières se précipitent déjà en dehors afin d'explorer les moindres recoins de leur nouvel habitat ; elles continuent à parfaire cette tâche à l'heure où j'écris ces lignes. Une m'a même signifié son mécontentement en levant subtilement le gastre, comme les Crematogaster savent si bien le faire.

Il ne leur a pas fallu plus de quelques secondes pour trouver la sainte beetle jelly déposée près de leur tube. Depuis, les ouvrières se relayent pour s'y attabler, puis reviennent au tube pour en gaver la gyne, qui présente déjà une solide physogastrie après quelques heures de trophallaxies incessantes.

Bref, cette petite fondation me semble bien prometteuse, et annonce nombre d'observations !

 

Voilà donc tout pour ce premier billet ; à bientôt pour le prochain, je vous laisse sur quelques photos plus rapprochées des belles.



Le [Q/R] : https://antariums.com/blog-d-elevage/question-reponse/q-r-crematogaster-kneri-dakarensis-de-claviger/#post-117

Ce message a été modifié Il y a 4 ans par One Ants
 
Posté : 18/10/2020 10:34 pm
claviger
(@claviger)
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Début du sujet
 

Bonjour, bonjour !

Un autre billet fut posté il y a quelques mois ; mais il semble s’être perdu dans de quelconques méandres ténébreux, et désormais paraît n’avoir jamais existé. Soit… Nous passerons donc directement du premier billet, le 7 octobre, à aujourd’hui. En plus de cinq mois, vous vous doutez probablement que des choses se sont passées pour cette fondation, et vous aurez alors raison.

Je vous propose tout d’abord un petit aperçu de la colonie au fil des mois, bien que les photos soient des plus laides…

28/11/2020

 Une dizaine d’ouvrières.

19/12/2020

Une vingtaine d’ouvrières.

26/01/2021

Une cinquantaine d’ouvrières.

13/02/2021

Une centaine d’ouvrières.



Puis en ce jour, 20/03/2021

Entre 200 et 300 ouvrières, et à peu près autant d’unités de couvain.


Comme vous pouvez le voir : cela est allé vite, très vite ! La gyne n’a pas tardé à déverser un flot d’œufs, donnant naissance à une flaque de couvain promptement devenue lac. Tous les stades immatures se côtoient, et de nouveaux ténérals émergent quotidiennement. Que du bonheur !
Pour un taxon dont les informations disponibles se comptent sur les chromosomes d’une Myrmecia croslandi, je me dois bien de dépeindre le plus fidèlement possible leurs comportements excentriques. Voyons, par où commencer…

Tout d’abord, l’efficacité de la colonie, notamment pour fourrager. Rien n’est jamais laissé au hasard ; le moindre morceau de nourriture provoque un joli recrutement dans les plus brefs délais, comportant toujours le nombre exact d’ouvrières nécessaire pour l’exploiter. Un comportement bien typique d’une fourmi dominant pleinement son biotope. A noter la particularité de ce recrutement ; aux antipodes des Pheidole par exemple, dont la plupart des ouvrières ne font que courir bêtement autour de la nourriture, ici chaque ergate participe à l’exploitation de la source alimentaire. Encore une fois : rien n’est laissé au hasard.

Les morceaux d’insectes ne sont pas directement ramenés au nid ; néanmoins, si je tarde à nettoyer les restes et que la nourriture sèche, elles en découpent de menus grains vivement ramenés dans le tube, constituant désormais un véritable petit grenier.

Notamment puisque la réserve d’eau commençait à se tarir (elle est complètement sèche, à ce jour ; mais cela ne semble point les déranger), j’ai proposé à ces chères dames un second tube. Rapidement, quelques ouvrières s’y sont rendues ; désormais, il s’agit du tiers de l’effectif colonial qui y stationne, mais sans le moindre couvain. En revanche, lorsque de la nourriture est distribuée, ce sont toujours les premières à être recrutées.

SalamEnder avait observé un comportement similaire in natura : des groupes d’ouvrières stationnant sous des pierres, sans couvain. Ces Crematogaster kneri dakarensis sont polydomiques, cela ne fait donc presque aucun doute ; mais je me demande s’il ne s’agirait pas d’une polydomie particulière, où plusieurs nids satellites d’ouvrières fourrageuses seraient reliés à un ou quelques nids « noyaux », contenant couvain et gyne…

En tout cas, cette colonie est assurément l’une de mes favorites ; il y a toujours quelque chose à regarder dans cette aire de chasse plutôt active. La gyne n’est plus très physogastre après les pontes frénétiques des débuts, et trône usuellement dans un creux du couvain qui semble être conçu pour elle, s’immobilisant dans une position un peu arquée. Les stades du couvain ont tendance à être très grossièrement homogènes, les pontes intensives doivent être plus ou moins cycliques.

Voici donc ce que j’avais à vous déverser ! En espérant que la lecture vous ait été agréable, et au plaisir de vous retrouver pour un prochain billet ; avec, espérons-le, une colonie poursuivant sa belle évolution.

Le [Q/R] :  https://antariums.com/blog-d-elevage/question-reponse/q-r-crematogaster-kneri-dakarensis-de-claviger/#post-117

Ce message a été modifié Il y a 3 ans 3 fois parclaviger
 
Posté : 20/03/2021 8:13 pm
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