Myrmecia brevinoda de One Ants

Bonjour à tous !

Comment parler de l'Australie sans parler de l'un des genres les plus cool et les plus appréciés de la myrmécofaune : les Myrmecia !

Aujourd'hui nous nous retrouvons dans un blog assez attendu, j'ai nommé le blog sur ma Myrmecia brevinoda ! Bonne lecture à tous ! 🙂 

I : Présentation de l'espèce et du genre.

Le genre Myrmecia est un genre de fourmis dites "primitives (je déteste ce terme)" comportant 93 espèces dont 92 vivent en Australie et 1 en Nouvelle-Calédonie. Parmi les 93 espèces de Myrmecia décrites, seule une dizaine sont exportables en Europe (les législations en Australie sont rudes). Ces fourmis sont caractérisées par leur excellente vue, leur capacité de chasse inouïe, leur grande intelligence et leur morphologie atypique. Parmi les espèces de Myrmecia ont retrouve Myrmecia brevinoda, l'une des plus grande espèce du genre. Les gynes Myrmecia brevinoda mesurent entre 28 et 32mm tandis que les ouvrières mesurent entre 15 et 30mm : un titan. L'espèce se retrouve au sud-est de l'Australie et est plutôt nocturne bien qu'en fondation, les gynes sembles diurne. Les imagos se nourrissent de liquides sucrées et chassent à vue des insectes pour nourrir leur couvain. L'espèce est assez difficile à différencier d'autres Myrmecia comme M.pyriformis, M.similima, M.comata et surtout M.forficata. Au passage merci à @claviger pour l'identification de ma grande ^^.

Plop ! Petit cours d'étymologie :

"Myrmecia" vient du grec "myrmex" signifiant "fourmi" 
"brevi" vient du  latin signifiant "exigu"
"noda" du latin "nodus" signifiant "nœud" 

II : Le biotope.

Le biotope des Myrmecia est souvent sujet à controverses, beaucoup soutiendront corps et âme que l'espèce est désertique, j'ai personnellement choisi d'élever ma M.brevinoda dans un biotope totalement à l'opposé de beaucoup de mes compères, pourquoi ? Pour y répondre je vais développer mon propos en plusieurs axes.

Commençons par une petite expérience !

Si je vous posais la question :
"Connaissez-vous une espèce (Myrmecia exclu) de plus de 2cm (même 16mm si vous voulez) qui vit dans un desert ?".
Que me répondriez vous ? Après avoir fait le test sur des membres de la communauté discord, les réponses furent unanimes... "OUI". Ce fût exactement la même réponse pour ma part.

Pourtant, surprise, si je renchéris avec un "Très bien, nomme la moi. ".... pas vraiment de réponses correctes.... les plus aguerris répondront peut-être "Paltothyreus tarsatus; Megaponera analis, Streblognathus peetersi ou encore Plectroctena strigosa" ...
Mais ce serait mal connaitre la biologie de ces espèces parce que YouHouu... Elles ne sont pas originaire de climats désertiques mais subtropicales voire tempérées.

Si on y réfléchit, cela paraît logique. Globalement plus une espèce est grande, plus elle a besoin de nourriture, plus le besoin de nourriture est grand dans un écosystème, plus les besoins hydriques de cet écosystème sont importants.
Traduisez littéralement par "Pour que ce soit gros, ça a besoin d'eau."

Mais alors la grande question qu'on pourrait se poser maintenant c'est "Okay mais alors que signifie "climat subtropicale à tendance tempérée ?"
Un climat subtropicale c'est un climat tropical et humide à temps partiel. Quesaco ?

En gros c'est un climat tropical humide soumis à des saisons. Où le sol est sec / peu humide, l'air sec en journée et monstrueusement humide le soir (genre 40% de différence dans la même journée). Et un climat plus ou moins délimité par des saisons de diapause/hibernation pour faune, en gros ça pourrait s'apparenter sous certains aspects au climat méditerranéen.

Je suis d'ailleurs tomber sur une chaîne qui à prélevait des colonies de Myrmecia dans les jardins de particulier pour les mettre à la campagne. (Hunter valley ants)
Et clairement les endroits où ils prélèvent les Myrmecia on dirait Grenoble en été.

Mise en parallèle avec l'étude "Different effects of température on foraging acticity schedules in sympatric Myrmecia ants" qui prouve que l'activité intra et extra-nidale se fait majoritairement en soirée c'est à dire à environ 16-18°C pour 80% d'hygrométrie.
Et sans oublier le fait que les Myrmecia des zones tempérées et subtropicales (donc tout sauf les espèces type M.queenslandica et M.nigrocincta) essaiment au printemps ou en automne australes et font donc leurs larves durant une saison transitoire et leur cocons en été.

On se rend alors bien compte que nôtre Myrmecia n'est surement pas ce "monstre du désert" comme dans l'imaginaire commun (s/o bugs bunny) et... même plutôt l'inverse. Les états de la zone désertique de l'Australie sont également ceux avec la plus basse concentration d'espèces et d'ailleurs aucunes que l'on élève en Europe. Myrmecia vivrait plutôt dans ce genre d'endroit ^^

 III : Les conditions de maintien et Terrarium. 
Au niveau des conditions de maintien j'ai choisi d'élever ma Myrmecia dans un terrarium planté de 27*27 avec une substrat de 40% sable, 30% humus, 20% coco et 10% manado. Le tout avec quelques plantes, de la microfaune, quelques iules et collemboles. Et bien évidement, j'ai mis un drainage bien épais.  

Pour le chauffage, j'ai choisi un tapis chauffant 7w qu'elle partage avec mes Pachycondyla crassinoda, je vais maintenir un 22/24°C et pour l'hygrométrie je vais stabiliser ça à 75/80%. 

Un élément à ne pas négliger c'est la matière morte en décomposition, plus précisément d'ailleurs : les feuilles mortes.
D'après des observations sur des Ponerinae terricoles elles seraient consommées par les larves pour leur propriété laxatives, digestive et antifongiques. Certains ont d'ailleurs observés un intérêt certain de la part des Myrmecia, qui suggérerait peut-être qu'elles font comme les ponerinae (?).

Étrangement j'y vois comme une corrélation avec le noircissement des larves qui est dû à la moisissure de leur appareil digestif. A savoir que les larves ne peuvent pas déféquer hors période de mue (je sais plus trop où j'ai lu ça à vérifier).

Beaucoup d'eleveur choisissent d'élever leur Myrmecia en tube (bambou), j'ai personnellement beaucoup de mal avec ces produits, ainsi j'ai choisi d'appliquer la fameuse méthode de la "cachette à crassi" chez Myrmecia. Une galerie creusé dans le sol et recouverte par une plaque de plexi et un cache : on verra ce que ça donne mais je suis très optimiste. En espérant qu'elle ne creuse pas ^^.
Barf, si elle creuse je la laisserais faire.

J'ai également posé mon terrarium sur une plaque de caoutchouc isolant, en espérant que cela permette à ma grande de moins stresser des potentielles vibrations.

IV : Le début d'une histoire.

Je souhaitais une Myrmecia depuis maintenant 6 mois, après m'être essayé à une ribambelle de ponerinae, je me sentais près à me lancer dans les Myrmecia.... un genre dangereux, onéreux et chez lequel les déceptions et désillusions des éleveurs n'ont d'égal que les rêves qu'il leur a vendu. 
J'ai donc entamé mes recherches, commencé un terrarium, puis j'ai attendu les disponibilité.... malheureusement j'étais dans la pire période pour trouver des Myrmecia toutes fraiches. Entre temps les premiers essaimages des petites espèces tropicales sont arrivés mais entre une altercation avec un vendeur (je ne lui en veux pas j'ai aussi été un peu boulet sur le coup) et le fait que j'aime le GROS, j'ai préféré attendre l'arrivée sur le marché des grandes espèces et... j'ai bien fait ! 

J'ai commandé ma Myrmecia le 20 février 2021, prix payé, je ne m'en cache pas : 232e.... ça fait mal pour une des fourmis les plus difficiles à la fondation. Peut être l'un des seules genres dont les chances de fondations sans assistances tombe en dessous des 10% chez la majorité des espèces.

La gyne est arrivée de 4 mars 2021, tube frigorifié, colis bloqué à la douane un certain temps mais... waw quelle beauté, Myrmecia sp, 29/30 mm, rouge intense : un monstre !

J'ai donc déposé délicatement ma grande dans le tube et "BONNE FONDATION 😀 !".
Elle s'est rapidement intéressée aux liquides sucrés comme aux insectes, je la nourris tous les jours.
Pendant près de 35 jours elle s'est mise à vagabonder dans le terrarium, de journée comme de nuit, calme et très curieuse. J'ai d'ailleurs failli faire l'expérience d'une evasion... elle marche très bien sur les surface lisse. La gyne s'est aménagée une galerie sous la plaque de plexi, je me suis fixé la règle de ne regarder qu'une fois par mois, ce sera donc tous les 4 du mois ! Elle s'est bien aménagé son terrarium et, depuis le 6 avril.... surprise, elle ne vagabonde pas et a drastiquement refermée l'entrée de sa galerie. Je la sais bien vivante, elle se nourrit encore très bien, chasse agressivement et avec dynamisme : un vrai démon. Un peu triste de ne plus la voir, c'est partie pour un long voyage, certains l'auront compris : il y a surement de couvain à protéger dans le nid, rendez vous le 4 mai pour le savoir :p ! Ses pics d'agressivité et les moments de "complicité" qu'elle m'a offert en me regardant et en me suivant d'un air territoriale et agressif vont me manquer. J'espère que ses filles feront de même.

Merci d'avoir lu ce blog !
J'espère que vous l'aurez apprécié, n'hésitez pas à me faire un retour sur le Q/R. 
N'oubliez pas de me dire si cette nouvelle "façon d'écrire", beaucoup plus mathématique, vous aura plus et d'avance je vous prie de m'excuser pour les nombreuses fautes d'orthographe qui ont dues se glisser... ce n'est pas mon fort !

Sur ce, je vous retrouve dans longtemps... l'arrivée des premières ouvrières peut prendre jusqu'à 8 mois. :p

A+