Formica sanguinea

Europe

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

FAMILLE : Formicidae

SOUS FAMILLE : Formicinae

TRIBU : Formicini

GENRE : Formica

SOUS-GENRE : Raptiformica

ESPÈCE : Formica sanguinea

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Latreille, 1798

NOMS VERNACULAIRES : Slave-making ant (anglais), fourmi esclavagiste

SYNONYMES ET ANCIENS NOMS UTILISÉS : Aucun synonyme n’est actuellement encore utilisé, bien qu’elle soit parfois désignée à tort par son sous-genre comme « Raptiformica sanguinea ».

ÉTYMOLOGIE GENRE : Du latin formica, « fourmi ».

ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : Du latin sanguineus, désignant la couleur du sang.

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION : 

TAILLE GYNE : 11 MM

Triturus

TAILLE OUVRIÈRES : 5-10 MM

Triturus

TAILLE MÂLES : 9 MM

Benjamin Palm

MORPHISME : Monomorphe, même si l’on peut observer une différence de taille allant du simple au double entre les ouvrières d’une même colonie.

FAISANT PARTIE D’UN GROUPE D’ESPÈCES CRYPTIQUES : Non ; seule représentante européenne du sous-genre Raptiformica, il n’existe aucune espèce proche en France.

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES : Formica sanguinea est une grande fourmi haute sur pattes, présentant la coloration rouge et noir caractéristique de nombreuses Formica. Sur le terrain, on peut parfois la confondre avec les Formica (Formica) spp. (les fameuses « fourmis rousses »), mais elle s’en distingue néanmoins par un aspect plus élancé ainsi que des couleurs plus vives, notamment au niveau de la tête. Afin de la reconnaître avec certitude, l’élément d’identification le plus fiable est celui du clypéus, qui présente un creux chez Formica sanguinea, alors qu’il est totalement arrondi chez les autres espèces françaises du genre.

3) BIOLOGIE :

DESCRIPTION DU BIOTOPE : Formica sanguinea apprécie les biotopes ouverts, peu humides et légèrement boisés, et se retrouve ainsi souvent en lisière de forêt ou le long de chemins forestiers. Alors qu’on la trouve en plaine dans le Nord, elle fuit les hautes températures plus au Sud et se retrouvera alors surtout en montagne.

One ants

NIDIFICATION : Les nids sont généralement terricoles, mêmes s’ils prennent souvent appui sur des souches ; les colonies peuvent être polydomiques et s’étaler spatialement sur une grande surface. Les dômes de débris végétaux, pour lesquelles les Formica (Formica) spp. sont bien connues, peuvent être présents mais restent toutefois rares chez cette espèce.

DÉMOGRAPHIE: Les colonies matures comptent généralement quelques gynes et plusieurs milliers d’ouvrières.

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : À la moindre menace, les ouvrières, très agressives, jaillissent en nombre hors du nid afin de le défendre à l’aide de leurs agiles mandibules et de leurs jets précis d’acide formique.

La principale particularité de cette espèce est de pratiquer occasionnellement l’esclavagisme. Ainsi, on peut assister à des raids organisés durant lesquels les ouvrières de Formica sanguinea s’infiltrent dans des colonies de Formica (Serviformica) sp. pour en soutirer un grand nombre de cocons, qu’elles ramèneront à leur nid ; les ouvrières émergeant de ces cocons se comporteront alors comme si elles se trouvaient dans leur colonie d’origine. Ces « boosts » permettent à la colonie de croître très vite, ce qui lui permet rapidement d’assurer une place dominante dans son biotope.

Néanmoins, contrairement à la plupart des autres esclavagistes, comme la bien connue Polyergus rufescens, ce comportement est facultatif chez Formica sanguinea, et on peut souvent trouver des colonies sans la moindre esclave in natura.

James Lindsey

ALIMENTATION : Cette fourmi agressive n’hésite pas à chasser de nombreux insectes, qui composent la majeure partie de son alimentation. Elles peuvent également élever des pucerons, dont elles tirent le précieux miellat.

À noter que lors des raids esclavagistes, une partie du couvain subtilisé peut également être dévorée.

ESSAIMAGE : Les essaimages ont lieu pendant les chaudes après-midis, de fin juin jusqu’à début août. Parfois, l’accouplement peut également être intra-nidal.

GYNIE : Polygyne.

FONDATION : Dépendante. Après l’essaimage, la gyne se met à la recherche d’un nid de Formica (Serviformica) sp., où elle s’infiltre puis tue la ou les gynes hôtes afin de prendre leur place. Cette stratégie lui permet de sauter la périlleuse étape de la fondation en prenant immédiatement la tête d’une colonie mature.

Des fondations par bouturage, voire de manière indépendante par fondation semi-claustrale en pléométrose, seraient également possibles en cas de manque de colonies à parasiter. Les gynes peuvent également se faire adopter par une colonie de la même espèce après l’essaimage, ce qui peut donner lieu à de grandes polygynies.

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Endogène-hétérodynamique. La ponte s’arrête dès août en préparation de la diapause, qui est déclenchée par leur horloge biologique.

4) RÉPARTITION :

Formica sanguinea est largement répartie dans toute la zone paléarctique, de l’Ouest de l’Europe jusqu’au Japon.

Elle est présente dans la majeure partie de la France, bien qu’elle se concentre surtout dans les montagnes et est absente de Corse.

Répartition française selon Antarea :

5) ÉLEVAGE :

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : 21-27°C

SET UP : Après une fondation classique en tube à essai, l’espèce se contente de tout type de nid. Cependant, comme elles sont capables de relâcher une grande quantité d’acide formique en cas de stress, il est préférable de choisir une installation assez aérée.

Triturus

HYGROMÉTRIE : De 30 % à 50 % de la surface du nid humidifiée.

DIAPAUSE : Oui. En tant qu’espèce nordiste ou montagnarde, elles demandent une diapause froide et longue, de l’ordre de 5 à 10 degrés pendant environ 4 mois (généralement de novembre à mars).

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Elles ne sont pas difficiles sur la nourriture, et accepteront tout type de substance sucrée (divers pseudo-miellats, beetle jelly, fruits…) ; les insectes composeront également une grande partie de leur régime. Très agressives, les fondations seront rapidement capables de chasser de petites proies.

FOREUSE ? : Non.

FONDATION : Dépendante. Pour qu’elle puisse pondre, il est nécessaire de procurer à la gyne une trentaine de cocons de Formica (Serviformica) sp. (n’importe quelle espèce de ce sous-genre peut convenir, comme Formica fuscaFormica lemani, ou encore Formica rufibarbis), et de la nourrir en attendant l’émergence de ces esclaves. Contrairement à d’autres espèces dépendantes, la plupart des gynes de Formica sanguinea sont capables d’ouvrir seules les cocons ; néanmoins, si vous observez des cocons noircir sans être ouverts, n’hésitez pas à intervenir en en extrayant manuellement l’ouvrière. Une fois que quelques ouvrières esclaves ont émergé, n’hésitez pas à relier le tube à une petite aire de chasse afin de faciliter le nourrissage. Il est utile de donner beaucoup de protéines afin de stimuler la ponte de la gyne ; il est possible que celle-ci n’ait lieu qu’après la diapause, il vous faudra donc faire preuve de patience.

DÉTAILS À AJOUTER : Après la fondation, il est possible de continuer à distribuer régulièrement des cocons de Formica (Serviformica) sp. afin de reproduire leurs mœurs esclavagistes, mais cet apport n’est que facultatif.

Cette espèce, grande et agressive, est très intéressante à l’observation et appréciée en élevage, bien que la fondation dépendante puisse en rebuter certains.

Tibor Nagy

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Facile. Il n’est pas simple pour un débutant de trouver les cocons indispensables à la fondation de la gyne ; mais, passé cette difficulté, c’est une espèce robuste qui s’accommodera d’une large gamme de conditions d’élevage.

Triturus

Sources et crédits :

  • Antwiki (taxonomie)
  • Antmaps (répartition à l’échelle mondiale)
  • Antarea (répartition à l’échelle française)
  • One Ants & Triturus (photographies)
  • Expérience des éleveurs et observations in natura

Photographie de couverture : Triturus.

FICHE RÉDIGÉE PAR : Claviger et Triturus

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