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Bienvenue dans le guide de la taxonomie ou plus gĂ©nĂ©ralement, de lâidentification et de la classification. Vous vous aventurez ici dans lâune des disciplines les plus redoutĂ©es de la myrmĂ©cologie : la taxonomie, logiquement suivie par lâidentification. Il y aurait mille choses Ă dire sur la maniĂšre de classer et identifier nos chĂšres fourmis ; les bases sont ici rĂ©sumĂ©es.
Les fourmis sont les membres de la famille des Formicidae, elle-mĂȘme classĂ©e dans la superfamille des Vespoidea et lâordre des Hymenoptera (regroupant guĂȘpes, abeilles, tenthrĂšdes⊠Et bien sĂ»r, fourmis).Â
La famille des Formicidae est trĂšs vaste et surtout extrĂȘmement diversifiĂ©e, câest pourquoi elle est divisĂ©e en diffĂ©rentes sous-familles, au nombre de 17 Ă lâĂ©chelle mondiale. Les plus courantes en France sont les Formicinae, les Myrmicinae, les Dolichoderinae et les Ponerinae. Ces sous-familles peuvent ĂȘtre sĂ©parĂ©es Ă lâaide de critĂšres morphologiques :
- Les Formicinae ont souvent une Ă©caille du pĂ©tiole grande et haute, et un acidopore (petit trou circulaire, souvent entourĂ© dâune touffe de poils) au bout du gastre.
- Les Dolichoderinae ont un pétiole petit et couché, et une fente au bout du gastre.
- Les Ponerinae présentent un étranglement sur le gastre.
- Les Myrmicinae ont un pétiole double (pétiole et post-pétiole).
Ces critĂšres ne sont pas simples Ă observer sur le terrain, et difficiles Ă comprendre pour un dĂ©butant. Pas de panique ! Avec lâexpĂ©rience, on finit par reconnaĂźtre facilement ces sous-familles Ă leur silhouette.
Dans ces sous-familles, on trouve une classification plus prĂ©cise, celle des genres. Voici ceux que lâon peut rencontrer en France mĂ©tropolitaine :
Tous ces genres se dĂ©clinent en espĂšces plus ou moins nombreuses (ainsi, on trouve dans le genre Messor : Messor barbarus, Messor capitatus, Messor minor, Messor structor, et bien dâautresâŠ)
Cette masse de genres peut ĂȘtre dĂ©concertante Ă premiĂšre vue. Pour dĂ©buter, concentrez-vous dâabord sur la reconnaissance des plus communs ; le reste viendra avec le temps !
Comment Ă©crire le nom dâune fourmi ?
Comme nâimporte quel animal, ce nom se rĂ©dige sous forme binomiale :
On note que :
- Le genre et lâespĂšce sâĂ©crivent en italique.
- Le genre prend toujours une majuscule, lâespĂšce nâen prend jamais.
Et, pour aller plus loin :
- Le descripteur et la date de description sont mis entre parenthĂšses si le genre a changĂ© depuis la description de lâespĂšce (exemple : Camponotus truncatus Spinola, 1808 est devenue Colobopsis truncata (Spinola, 1808)).Â
- Lorsquâil existe, le sous-genre sâĂ©crit entre parenthĂšses aprĂšs le genre (exemple : Lasius (Dendrolasius) fuliginosus).Â
- Lorsquâelle existe, la sous-espĂšce sâĂ©crit Ă la suite de lâespĂšce (exemple : Messor minor hesperius).
Rassurez-vous ! Il nâest pas nĂ©cessaire de retenir le descripteur de chaque fourmi, et le nom est dans la grande majoritĂ© des cas uniquement rĂ©digĂ© sous la forme « Genre espĂšce ». De la mĂȘme façon, personne ne vous reprochera dâoublier de mettre le nom en italique, il sâagit de codes pour une pure rigueur scientifique.
Quelques abréviations :
- sp. (species) = espĂšce nâayant pas pu ĂȘtre identifiĂ©e, ou espĂšce non dĂ©crite.
Exemple : Lasius sp. = Lasius dont lâespĂšce prĂ©cise nâa pas pu ĂȘtre identifiĂ©e.
- ssp. (subspecies) = sous-espÚce.
Exemple : Messor minor ssp. = Messor minor dont la sous-espĂšce prĂ©cise nâa pas pu ĂȘtre identifiĂ©e.
- spp. (species plurimae) = plusieurs espĂšces (dâun mĂȘme genre).
Exemple : Lasius spp. = ensemble dâespĂšces de Lasius.
- cf. (confer) = espĂšce ressemblant Ă une autre, mais dont on ne peut pas certifier lâidentitĂ©.
Exemple : Lasius cf. niger = Lasius ressemblant Ă Lasius niger, mais dont on ne peut pas dire sâil sâagit bien dâelle ou dâune espĂšce proche.
- sp. aff. (species affinis) = espĂšce ressemblant Ă une autre, mais sâen diffĂ©renciant.
Exemple : Lasius sp. aff. niger = Lasius ressemblant Ă Lasius niger, mais prĂ©sentant nĂ©anmoins des diffĂ©rences avec cette derniĂšre, sans que lâon puisse lâidentifier prĂ©cisĂ©ment.
- sp. n. (species nova) ou n. sp. = nouvelle espÚce.
Exemple : En 1991, Seifert dĂ©crit Lasius platythorax. Dans la publication oĂč il dĂ©crit lâespĂšce, il Ă©crit âLasius platythorax n. sp.â afin de prĂ©ciser que lâespĂšce est nouvelle pour la science.
Changements de nom et rĂšgles taxonomiques :
La taxonomie est mouvante, et il arrive que le nom des espĂšces change ; le plus souvent, il sâagit dâune migration dâun genre Ă lâautre. Par exemple :
- En 2016, le genre Colobopsis a été séparé de Camponotus. Camponotus truncatus est alors devenu Colobopsis truncata.
- En 2015, le genre Anergates a été considéré comme synonyme de Tetramorium. Anergates atratulus est alors devenu Tetramorium atratulum.
Homonymie : Parfois, deux taxons (Ă lâĂ©chelle du genre, de lâespĂšce, de la sous-espĂšce, ou autre) portent le mĂȘme nom ; cela peut notamment arriver aprĂšs la mise en synonymie de deux genres. Un exemple, toujours en 2015, avec le genre Teleutomyrmex mis en synonymie avec Tetramorium ; Tetramorium schneideri existait dĂ©jĂ , Teleutomyrmex schneideri également. Il y a alors eu 2 Tetramorium schneideri ! Pour rĂ©soudre ce problĂšme, lâespĂšce dĂ©crite le plus rĂ©cemment (homonyme junior) voit son nom modifiĂ©Â ; lâancienne Teleutomyrmex schneideri est ainsi devenue Tetramorium inquilinum.
Synonymie : Il arrive quâĂ la suite dâerreurs diverses, deux noms synonymes soient employĂ©s pour le mĂȘme taxon. Dans ce cas, le taxon dĂ©crit le plus tĂŽt (synonyme senior) a la prioritĂ© sur le plus jeune nom (synonyme junior).Â
Exemple : Messor structor a Ă©tĂ© dĂ©crite en 1798. Messor rufitarsis a Ă©tĂ© dĂ©crite en 1804. Finalement, les deux espĂšces ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme synonymes : Messor structor a Ă©tĂ© dĂ©crite plus tĂŽt, câest donc son nom qui a Ă©tĂ© conservĂ©.
Ces rĂšgles ne sâappliquent pas quâaux espĂšces, mais Ă tous les rangs taxonomiques ; genres, sous-familles, famillesâŠ
Parfois, lâorthographe dâun nom est sujette Ă dĂ©bat. Câest le cas de Camponotus ligniperda, aussi appelĂ©e Camponotus ligniperdus, ou encore dâAphaenogaster dulcineae dont on voit de nombreuses Ă©critures diffĂ©rentes. Lorsque vous avez un doute, vous pouvez vĂ©rifier lâorthographe correcte sur antcat.org, qui sert de rĂ©fĂ©rentiel taxonomique.
Â
Comment identifier la fourmi que vous venez de trouver ?
Lorsquâon dĂ©bute, la tĂąche peut ĂȘtre difficile, et il est parfois ardu de savoir oĂč commencer. Dâabord, vous pouvez commencer par chercher la sous-famille Ă laquelle appartient votre fourmi ; cela vous permettra de faire un premier tri, et dâainsi rĂ©duire les possibilitĂ©s.
[Clé des sous-familles]
Â
Pour vous aider, voici un aperçu des genres français les plus communs :
â Les Lasius (Formicinae) sont les fourmis les plus souvent rencontrĂ©es, surtout dans le Nord. Ces fourmis de petite taille peuvent ĂȘtre noires, jaunes ou encore bicolores. Les gynes ont un gastre particuliĂšrement volumineux (espĂšces Ă fondation indĂ©pendante), ou au contraire une grosse tĂȘte et un petit gastre (espĂšces parasites).
â Les Tapinoma (Dolichoderinae) ressemblent aux Lasius à premiĂšre vue ; cependant, elles sont plus sveltes, plus vives, gĂ©nĂ©ralement plus petites, et souvent dâun noir plus franc que le commun des Lasius. Lorsquâelles sont dĂ©rangĂ©es, elles Ă©mettent une odeur de « beurre rance ».
â Les Messor  (Myrmicinae) sont souvent rencontrĂ©es dans le Sud. Ces granivores font de grandes colonies, et forment de longues pistes de fourragement jusquâaux sources de nourriture ; on peut observer des majors Ă grosses tĂȘtes dans ces colonnes.
â Les Myrmica  (Myrmicinae) sont surtout communes dans les lieux un peu humides. Ce sont les « fourmi rouges » bien connues du grand public, pour leur couleur Ă©carlate et leur piqĂ»re. Les gynes, semi-claustrales, ont besoin de chasser durant la fondation ; elles sont donc particuliĂšrement fines, et on ne les distingue pas toujours des ouvriĂšres au premier coup dâĆil.Â
â Les Pheidole  (Myrmicinae) sâobservent dans le Sud de la France. De petite taille, elles nâen restent pas moins agressives et trĂšs dominantes sur leur biotope ; elles forment souvent des colonies de trĂšs grande taille, comportant des majors Ă grosses tĂȘtes. Il nây a pas dâintermĂ©diaire de taille entre minor et major.
â Les Tetramorium  (Myrmicinae) sont aussi des Myrmicinae agressives et dominantes sur leur biotope, mais au contraire des Pheidole elles se montrent parfaitement monomorphes. Que ce soient les gynes ou les ouvriĂšres, les individus de ce genre se reconnaissent Ă leurs « épaules carrĂ©es ».Â
â Les Formica (Formicinae) sont plus grandes que les Lasius, plus sveltes, et plus agressives. On les remarque facilement Ă leur dĂ©marche singuliĂšre, rapide et entrecoupĂ©e de brefs arrĂȘts. Les « fourmis rousses des bois », formant dâimmenses colonies logĂ©es dans de grands dĂŽmes dâaiguilles, appartiennent Ă ce genre.
â Les Camponotus (Formicinae) sont souvent de grande taille, mais pas toujours. Le polymorphisme est continu entre des minors Ă©troits et des majors Ă large tĂȘte cordiforme. On reconnaĂźt principalement les Camponotus par leurs antennes insĂ©rĂ©es haut sur la tĂȘte (presque au milieu, alors quâelles sont Ă proximitĂ© des mandibules chez la plupart des autres genres).
â Les Temnothorax (Myrmicinae) sont de petites fourmis paisibles, constituant souvent des colonies Ă faible dĂ©mographie dans des morceaux de bois.
â Les ouvriĂšres de Solenopsis (Myrmicinae) sont trĂšs petites, jaunes et souterraines. On ne les voit presque que durant les essaimages Ă lâautomne, souvent massifs.Â
â Les Crematogaster (Myrmicinae) se trouvent dans le Sud de la France. Elles se reconnaissent Ă leur gastre pointu, en forme de cĆur. LâespĂšce la plus commune du genre, Crematogaster scutellaris, est remarquable par sa tĂȘte rouge et ses grandes colonies souvent arboricoles.
Gardez en mĂ©moire que certaines espĂšces nĂ©cessitent au moins une loupe binoculaire pour ĂȘtre identifiĂ©es, la distinction rĂ©sidant sur des critĂšres morphologiques invisibles Ă lâĆil nu (comme la pilositĂ©, la rugositĂ©âŠ). Dans ces cas-lĂ , il faut rester au genre.
Exemple : pour distinguer Lasius niger des autres Lasius de couleur noire, il faut observer sa pilositĂ©. Câest impossible Ă lâoeil nu ! Si lâon ne dispose pas du matĂ©riel nĂ©cessaire, il faut donc en rester à « Lasius sp. » (= Lasius dont lâespĂšce nâa pas pu ĂȘtre identifiĂ©e).
Si, aprÚs maintes recherches, vous ne parvenez toujours pas à trouver le nom de votre fourmi, ou que vous souhaitez obtenir confirmation : vous pouvez poster votre demande sur le serveur Discord Antariums, dont les nombreux membres passionnés et expérimentés vous aideront à obtenir le diagnostic.
Sources :
Antcat.org
Antwiki.org
Wikimediacommons.org
Photos par Lâharicot et Enzo Foucaud.
Rédigé par un contributeur anonyme.
Mise en page par One ants.
Bienvenue dans le guide de la taxonomie ou plus gĂ©nĂ©ralement, de l’identification et de la classification. Vous vous aventurez ici dans lâune des disciplines les plus redoutĂ©es de la myrmĂ©cologie : la taxonomie, logiquement suivie par lâidentification. Il y aurait mille choses Ă dire sur la maniĂšre de classer et identifier nos chĂšres fourmis ; les bases sont ici rĂ©sumĂ©es.
Chapitre I : Classification
Les fourmis sont les membres de la famille des Formicidae, elle-mĂȘme classĂ©e dans la superfamille des Vespoidea et lâordre des Hymenoptera (regroupant guĂȘpes, abeilles, tenthrĂšdes⊠Et bien sĂ»r, fourmis).Â
La famille des Formicidae est trĂšs vaste et surtout extrĂȘmement diversifiĂ©e, câest pourquoi elle est divisĂ©e en diffĂ©rentes sous-familles, au nombre de 17 Ă lâĂ©chelle mondiale. Les plus courantes en France sont les Formicinae, les Myrmicinae, les Dolichoderinae et les Ponerinae. Ces sous-familles peuvent ĂȘtre sĂ©parĂ©es Ă lâaide de critĂšres morphologiques :
- Les Formicinae ont cinq tergites visibles et un acidopore (petit trou circulaire, souvent entourĂ© dâune touffe de poils) au bout du gastre.
- Les Dolichoderinae ont quatre tergites visibles et une fente au bout du gastre.
- Les Ponerinae présentent un étranglement sur le gastre.
- Les Myrmicinae ont un pétiole double (pétiole et post-pétiole).
Ces critĂšres ne sont pas simples Ă observer sur le terrain, et difficiles Ă comprendre pour un dĂ©butant. Pas de panique ! Avec lâexpĂ©rience, on finit par reconnaĂźtre facilement ces sous-familles Ă leur silhouette.
Dans ces sous-familles, on trouve une classification plus prĂ©cise, celle des genres. Voici ceux que lâon peut rencontrer en France mĂ©tropolitaine :
Tous ces genres se dĂ©clinent en espĂšces plus ou moins nombreuses (ainsi, on trouve dans le genre Messor : Messor barbarus, Messor capitatus, Messor minor, Messor structor, et bien dâautresâŠ)
Cette masse de genres peut ĂȘtre dĂ©concertante Ă premiĂšre vue. Pour dĂ©buter, concentrez-vous dâabord sur la reconnaissance des plus communs ; le reste viendra avec le temps !
Chapitre II : Taxonomie
Comment Ă©crire le nom dâune fourmi ?
Comme nâimporte quel animal, ce nom se rĂ©dige sous forme binomiale :
On note que :
- Le genre et lâespĂšce sâĂ©crivent en italique.
- Le genre prend toujours une majuscule, lâespĂšce nâen prend jamais.
Et, pour aller plus loin :
- Le descripteur et la date de description sont mis entre parenthĂšses si le genre a changĂ© depuis la description de lâespĂšce (exemple : Camponotus truncatus Spinola, 1808 est devenue Colobopsis truncata (Spinola, 1808)).Â
- Lorsquâil existe, le sous-genre sâĂ©crit entre parenthĂšses aprĂšs le genre (exemple : Lasius (Dendrolasius) fuliginosus).Â
- Lorsquâelle existe, la sous-espĂšce sâĂ©crit Ă la suite de lâespĂšce (exemple : Messor minor hesperius).
Rassurez-vous ! Il nâest pas nĂ©cessaire de retenir le descripteur de chaque fourmi, et le nom est dans la grande majoritĂ© des cas uniquement rĂ©digĂ© sous la forme « Genre espĂšce ». De la mĂȘme façon, personne ne vous reprochera dâoublier de mettre le nom en italique, il s’agit de codes pour une pure rigueur scientifique.
Quelques abréviations :
- sp. (species) = espĂšce nâayant pas pu ĂȘtre identifiĂ©e, ou espĂšce non dĂ©crite.
Exemple : Lasius sp. = Lasius dont lâespĂšce prĂ©cise nâa pas pu ĂȘtre identifiĂ©e.
- ssp. (subspecies) = sous-espÚce.
Exemple : Messor minor ssp. = Messor minor dont la sous-espĂšce prĂ©cise nâa pas pu ĂȘtre identifiĂ©e.
- spp. (species plurimae) = plusieurs espĂšces (dâun mĂȘme genre).
Exemple : Lasius spp. = ensemble dâespĂšces de Lasius.
- cf. (confer) = espĂšce ressemblant Ă une autre, mais dont on ne peut pas certifier lâidentitĂ©.
Exemple : Lasius cf. niger = Lasius ressemblant Ă Lasius niger, mais dont on ne peut pas dire sâil sâagit bien dâelle ou dâune espĂšce proche.
- sp. aff. (species affinis) = espĂšce ressemblant Ă une autre, mais sâen diffĂ©renciant.
Exemple : Lasius sp. aff. niger = Lasius ressemblant Ă Lasius niger, mais prĂ©sentant nĂ©anmoins des diffĂ©rences avec cette derniĂšre, sans que lâon puisse lâidentifier prĂ©cisĂ©ment.
- sp. n. (species nova) ou n. sp. = nouvelle espĂšce.
Exemple : En 1991, Seifert dĂ©crit Lasius platythorax. Dans la publication oĂč il dĂ©crit l’espĂšce, il Ă©crit “Lasius platythorax n. sp.” afin de prĂ©ciser que l’espĂšce est nouvelle pour la science.
Changements de nom et rĂšgles taxonomiques :
La taxonomie est mouvante, et il arrive que le nom des espĂšces change ; le plus souvent, il sâagit dâune migration dâun genre Ă lâautre. Par exemple :
- En 2016, le genre Colobopsis a été séparé de Camponotus. Camponotus truncatus est alors devenu Colobopsis truncata.
- En 2015, le genre Anergates a été considéré comme synonyme de Tetramorium. Anergates atratulus est alors devenu Tetramorium atratulum.
Homonymie : Parfois, deux taxons (Ă lâĂ©chelle du genre, de lâespĂšce, de la sous-espĂšce, ou autre) portent le mĂȘme nom ; cela peut notamment arriver aprĂšs la mise en synonymie de deux genres. Un exemple, toujours en 2015, avec le genre Teleutomyrmex mis en synonymie avec Tetramorium ; Tetramorium schneideri existait dĂ©jĂ , Teleutomyrmex schneideri Ă©galement. Il y a alors eu 2 Tetramorium schneideri ! Pour rĂ©soudre ce problĂšme, lâespĂšce dĂ©crite le plus rĂ©cemment (homonyme junior) voit son nom modifiĂ©Â ; lâancienne Teleutomyrmex schneideri est ainsi devenue Tetramorium inquilinum.
Synonymie : Il arrive quâĂ la suite dâerreurs diverses, deux noms synonymes soient employĂ©s pour le mĂȘme taxon. Dans ce cas, le taxon dĂ©crit le plus tĂŽt (synonyme senior) a la prioritĂ© sur le plus jeune nom (synonyme junior).Â
Exemple : Messor structor a Ă©tĂ© dĂ©crite en 1798. Messor rufitarsis a Ă©tĂ© dĂ©crite en 1804. Finalement, les deux espĂšces ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme synonymes : Messor structor a Ă©tĂ© dĂ©crite plus tĂŽt, câest donc son nom qui a Ă©tĂ© conservĂ©.
Ces rĂšgles ne sâappliquent pas quâaux espĂšces, mais Ă tous les rangs taxonomiques ; genres, sous-familles, famillesâŠ
Parfois, lâorthographe dâun nom est sujette Ă dĂ©bat. Câest le cas de Camponotus ligniperda, aussi appelĂ©e Camponotus ligniperdus, ou encore dâAphaenogaster dulcineae dont on voit de nombreuses Ă©critures diffĂ©rentes. Lorsque vous avez un doute, vous pouvez vĂ©rifier lâorthographe correcte sur antcat.org, qui sert de rĂ©fĂ©rentiel taxonomique.
Chapitre III : Identification
Edition – Juin 2023 : Ce guide n’est pas Ă jour. Une clĂ© des fourmis de France mĂ©tropolitaine est dĂ©sormais Ă votre disposition sur Antariums.
Comment identifier la fourmi que vous venez de trouver ?
Lorsquâon dĂ©bute, la tĂąche peut ĂȘtre difficile, et il est parfois ardu de savoir oĂč commencer. Dâabord, vous pouvez commencer par chercher la sous-famille Ă laquelle appartient votre fourmi ; cela vous permettra de faire un premier tri, et dâainsi rĂ©duire les possibilitĂ©s.
[Clé des sous-familles]
Pour vous aider, voici un aperçu des genres français les plus communs :
– Les Lasius (Formicinae) sont les fourmis les plus souvent rencontrĂ©es, surtout dans le Nord. Ces fourmis de petite taille peuvent ĂȘtre noires, jaunes ou encore bicolores. Les gynes ont un gastre particuliĂšrement volumineux (espĂšces Ă fondation indĂ©pendante), ou au contraire une grosse tĂȘte et un petit gastre (espĂšces parasites).Â
– Les Tapinoma (Dolichoderinae) ressemblent aux Lasius Ă premiĂšre vue ; cependant, elles sont plus sveltes, plus vives, gĂ©nĂ©ralement plus petites, et souvent dâun noir plus franc que le commun des Lasius. Lorsquâelles sont dĂ©rangĂ©es, elles Ă©mettent une odeur de « beurre rance ».
– Les Messor (Myrmicinae) sont souvent rencontrĂ©es dans le Sud. Ces granivores font de grandes colonies, et forment de longues pistes de fourragement jusquâaux sources de nourriture ; on peut observer des majors Ă grosses tĂȘtes dans ces colonnes.
– Les Myrmica (Myrmicinae) sont surtout communes dans les lieux un peu humides. Ce sont les « fourmi rouges » bien connues du grand public, pour leur couleur Ă©carlate et leur piqĂ»re. Les gynes, semi-claustrales, ont besoin de chasser durant la fondation ; elles sont donc particuliĂšrement fines, et on ne les distingue pas toujours des ouvriĂšres au premier coup dâĆil.Â
– Les Pheidole (Myrmicinae) sâobservent dans le Sud de la France. De petite taille, elles nâen restent pas moins agressives et trĂšs dominantes sur leur biotope ; elles forment souvent des colonies de trĂšs grande taille, comportant des majors Ă grosses tĂȘtes. Il nây a pas dâintermĂ©diaire de taille entre minor et major.
– Les Tetramorium (Myrmicinae) sont aussi des Myrmicinae agressives et dominantes sur leur biotope, mais au contraire des Pheidole elles se montrent parfaitement monomorphes. Que ce soient les gynes ou les ouvriĂšres, les individus de ce genre se reconnaissent Ă leurs « épaules carrĂ©es ».Â
– Les Formica (Formicinae) sont plus grandes que les Lasius, plus sveltes, et plus agressives. On les remarque facilement Ă leur dĂ©marche singuliĂšre, rapide et entrecoupĂ©e de brefs arrĂȘts. Les « fourmis rousses des bois », formant dâimmenses colonies logĂ©es dans de grands dĂŽmes dâaiguilles, appartiennent Ă ce genre.
– Les Camponotus (Formicinae) sont souvent de grande taille, mais pas toujours. Le polymorphisme est continu entre des minors Ă©troits et des majors Ă large tĂȘte cordiforme. On reconnaĂźt principalement les Camponotus par leurs antennes insĂ©rĂ©es haut sur la tĂȘte (presque au milieu, alors quâelles sont Ă proximitĂ© des mandibules chez la plupart des autres genres).
– Les Temnothorax (Myrmicinae) sont de petites fourmis paisibles, constituant souvent des colonies Ă faible dĂ©mographie dans des morceaux de bois.
– Les ouvriĂšres de Solenopsis (Myrmicinae) sont trĂšs petites, jaunes et souterraines. On ne les voit presque que durant les essaimages Ă lâautomne, souvent massifs.
– Les Crematogaster (Myrmicinae) se trouvent dans le Sud de la France. Elles se reconnaissent Ă leur gastre pointu, en forme de cĆur. LâespĂšce la plus commune du genre, Crematogaster scutellaris, est remarquable par sa tĂȘte rouge et ses grandes colonies souvent arboricoles.
Gardez en mĂ©moire que certaines espĂšces nĂ©cessitent au moins une loupe binoculaire pour ĂȘtre identifiĂ©es, la distinction rĂ©sidant sur des critĂšres morphologiques invisibles Ă lâĆil nu (comme la pilositĂ©, la rugositĂ©âŠ). Dans ces cas-lĂ , il faut rester au genre.
Exemple : pour distinguer Lasius niger des autres Lasius de couleur noire, il faut observer sa pilositĂ©. Câest impossible Ă lâoeil nu ! Si lâon ne dispose pas du matĂ©riel nĂ©cessaire, il faut donc en rester à « Lasius sp. » (= Lasius dont lâespĂšce nâa pas pu ĂȘtre identifiĂ©e).
Si, aprÚs maintes recherches, vous ne parvenez toujours pas à trouver le nom de votre fourmi, ou que vous souhaitez obtenir confirmation : vous pouvez poster votre demande sur le serveur Discord Antariums, dont les nombreux membres passionnés et expérimentés vous aideront à obtenir le diagnostic.
Â
Sources :
Antcat.org
Antwiki.org
Photos par L’haricot et Enzo Foucaud.
Rédigé par un contributeur anonyme.
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Photographie de couverture : Alex Wild.