Acromyrmex octospinosus

Amérique du Sud

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

FAMILLE : Formicidae

SOUS FAMILLE : Myrmicinae

TRIBU : Attini

GENRE : Acromyrmex

ESPÈCE : octospinosus

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Reich, 1793 (sous le nom de Formica octospinosa)

NOMS VERNACULAIRES : Leaf-cutting Ant (Anglais); “Fourmi coupe-feuille”;”Fourmi magnoc”;”Fourmi parasol” ou encore “fourmi champignonniste”.

SYNONYMES ET ANCIENS NOMS UTILISÉS : Formica octospinosa (combinaison obsolète)

ÉTYMOLOGIE GENRE : Acro, ” élevée ” + Myrmex, ” Fourmi “, soit ” Fourmi élevée ” (étymologie incertaine)

ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : Octo, ” huit ” + spinosus, ” épine “, soit ” huit épines “.

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE GYNE : 12 MM

Jonghyun Park

TAILLE OUVRIÈRES : 5-15 MM

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TAILLE MAJORS : ABSENTS.
TAILLE MÂLES : 7 MM

Romain#5371 (Discord)

MORPHISME : Polymorphe, bien que l’on observe une grande différence de taille entre les ouvrières allant de 5 à 15mm, il n’y a tout de même pas présence de major chez cette espèce.

FAISANT PARTIE D’UN GROUPE D’ESPÈCES CRYPTIQUES : Non, cette espèce est facilement reconnaissable des autres Acromyrmex.

IDENTIFICATION : Acromyrmex octospinosus est comprise dans un complexe d’espèces dont la distinction n’est encore qu’incomplètement élucidée. La combinaison entre absence d’épine pronotale antérieure, épines pronotales inférieures courtes et émoussées, pilosité relativement clairsemée et présence de crêtes sur la partie dorsale du propodeum permettent de la séparer de la plupart des autres représentantes du genre.

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES : Acromyrmex octospinosus est une fourmi de couleur brune ou orangée, à la cuticule très rugueuse et au mesosoma surmonté de multiples épines. Son corps est couvert de courts poils noirs, raides et épars. Ses pattes sont longues et sa silhouette svelte, ce qui lui permet de pouvoir fourrager agilement aussi bien au sol que dans la végétation. Elle porte en outre de puissantes et tranchantes mandibules, parfaitement adaptées dans la découpe des feuilles. Les reines, bien plus robustes que les ouvrières, possèdent un mesosoma classiquement volumineux, plus gros que le gastre et ne portant que quatre courtes épines. Au repos, leur gastre rond est souvent subtilement replié sous leur corps. La tête des mâles, très petite, contraste curieusement avec leur gastre particulièrement massif.

3) BIOLOGIE :

DESCRIPTION DU BIOTOPE : Acromyrmex octospinosus se rencontre dans les forêts tropicales, les prairies ou les zones perturbées. À noter que cette espèce envahit fortement les cultures et les milieux ruraux, comme en Guadeloupe notamment où elle est classée nuisible car elle peut raser la végétation de certains milieux en quelque heures pour nourrir son champignon. Les dommages estimés étaient, par exemple, de plusieurs millions de dollars par an aux États-Unis et au Brésil (Cameron & Riggs 1985).

EXEMPLE DE BIOTOPE :

UN-REDD Programme Image Bank

NIDIFICATION : Elle creuse des chambres dans le sol d’environ 20cm de diamètre où elle fera pousser son champignon, qui fait lui-même office de nid grâce à sa forme spongieuse qui en fait un bon habitat pour la colonie, ainsi on peut observer plusieurs entrées menant à différentes chambres reliées entre elles.

Judd Patterson

File:Micro Zoo de Saint Malo - Acromyrmex octospinosus 04.jpgTylwyth Eldar

DÉMOGRAPHIE : Moins populeuse que ses cousines du genre Atta, une colonie d’Acromyrmex pourra atteindre environ 20 000 individus.

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Comme d’autres espèces de fourmis, en cas de stress une faible stridulation est émise par les ouvrières lorsqu’elles actionnent un organe stridulatoire. De plus, cette espèce n’est pas particulièrement agressive, n’ayant pas besoin de chasser pour se nourrir, elle saura tout de même bien se défendre grâce à ses mandibules bien affutées dont elle usera en cas de besoin. Les ouvrières sont parfois recouvertes d’une pellicule blanche farineuse sur la cuticule, il s’agit de la bactérie Pseudonocardia. En effet, elles utilisent cette bactérie pour lutter contre les champignons invasifs, qui attaquent leurs champignons.

ALIMENTATION : Cette espèce ne se nourrit pas à proprement parler de végétaux contrairement à certaines idées reçues. En réalité, A. octospinosus récolte le feuillage des plantes vivantes puis utilise ces végétaux pour nourrir son champignon qui produira des hyphes hypertrophiés (excroissances blanches) appelées “gongylidia” (ou gongylidium au singulier) de forme ellipsoïde, d’un diamètre de 30 à 50 µm et servant de nourriture à toute la colonie. (larves, reines, ouvrières, etc.) Ces excroissances contiennent tous les aliments dont a besoin la colonie qui s’avère être dépendante de ce champignon (et vice versa).

Merav Vonshak

ESSAIMAGE : Les essaimages se font aux périodes pluvieuses de l’année, selon les régions et le climat. On assiste à des essaimages classiques où mâles et femelles s’envolent pour s’accoupler à faible altitude. A noter : pour propager le champignon, les femelles s’envolent en emportant un prélèvement du champignon qu’elles gardent dans leur poche buccale (et non leur jabot social) qu’elles régurgiteront afin de refaire pousser le champignon et fonder une nouvelle colonie.

GYNIE : Cette espèce est monogyne.

FONDATION : Claustrale. Après l’essaimage, les gynes creusent une loge dans la terre et repiquent leur champignon qu’elles nourriront avec leurs excréments jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières.

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : En tant qu’espèce tropicale, Acromyrmex octospinosus est homodynamique : elle ne fait donc pas de diapause, et se développe tout au long de l’année.

4) RÉPARTITION :

L’espèce s’étend  largement du Mexique au nord de l’Amérique du Sud et dans les Caraïbes.

 

5) ÉLEVAGE :

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : 21.5-26°C, dépasser cette température cause des dommages au champignon, tandis qu’une température trop basse ralentit le développement de la colonie. Une température optimale serait d’environ 23.5°C.

SET UP : L’espèce ne s’adapte pas du tout aux installations conventionnelles comme les nids en plexiglass/béton cellulaire/autre composite. En effet, il faut reproduire les conditions naturelles autant que possible, ainsi il faudra placer le champignon dans une cuve et lui offrir de préférence un substrat humide mais non détrempé pour que le champignon ne fonde pas au contact de l’eau (ex: bille d’argile, humus, sable-limon, perlite, etc.) Une astuce est de placer le champignon sur une plateforme en plastique ou en verre comme une coupelle elle-même posée sur le substrat, afin qu’il n’y ait aucun risque de sur-humidité de contact. De plus, il faudra ajouter une cuve afin qu’elles puissent y déposer les déchets produits par le champignon ou la colonie. Dans la nature, cette chambre sert de chauffage supplémentaire pour le champignon grâce à la décomposition des déchets qui produit de la chaleur. En élevage, cette chambre pourra être placée à l’arrière de la cuve du champignon, ainsi elles ne déposeront pas leurs déchets au pied de celui-ci. Autrement cela causerait des problèmes pour l’entretien ainsi que la santé pour le champignon. Les tuyaux de raccord quant à eux devront être d’un volume conséquent (et préférentiellement transparents afin de faciliter l’observation), ici de 30mm de diamètre afin de permettre un passage aisé aux ouvrières lorsqu’elles transporteront les feuilles.

MumuJac#1990 (Discord)

HYGROMÉTRIE : L’hygrométrie ambiante dans la cuve du champignon doit être constamment d’environ 80-90%; 30-40% dans la cuve déchets et 40-70% dans l’aire de chasse. Attention ! Le champignon peut tolérer l’éclairage ambiant moyen mais ne tolère pas les courants d’air !

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Cela dépendra souvent des goûts de la colonie, mais certains aliments semblent être davantage appréciés, comme le Troène, le Lilas ou le Rosier, à vous d’essayer. Voici la liste et quelques précisions :

FOREUSE ? : Oui, cette espèce creuse notamment le plâtre et le béton cellulaire.

FONDATION : Indépendante et claustrale; les gynes n’ont donc théoriquement pas besoin de nourriture pour fonder (cependant il est possible et même préférable de leur fournir des petites feuilles ainsi que du liquide sucré pour assurer un meilleur taux de réussite). Le développement est rapide, de l’ordre de 1 mois à 1 mois et demi de la ponte à l’ouvrière adulte.

DÉTAILS À AJOUTER : Leur comportement unique et leur aspect original sont des plus intéressants à l’observation, néanmoins leur développement rapide (bien que moins explosif que chez leurs cousines du genre Atta) et les besoins en terme de place de temps et d’argent peuvent vite dépasser les capacités de certains éleveurs même confirmés. De plus, il est à noter que cette espèce possède une très bonne capacité à s’évader, attention à vos installations !

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Difficile voire très difficile. Malgré qu’elle soit plus simple que ses cousines du genre Atta qui s’avèrent être beaucoup plus populeuses, et encore plus explosives démographiquement, elle n’en reste pas moins très contraignante. En effet même si le maintien en lui-même n’est pas le plus difficile, il nécessite de gros investissements financiers et devient vite très chronophage. Cette espèce nécessite d’avoir à disposition beaucoup de végétaux sains toute l’année même l’hiver et cela en grande quantité sur le long terme. De plus elle demande rapidement de plus en plus d’espace à cause du développement du champignon, ce qui engendre encore davantage de dépenses. 

Sources et crédits :

-https://antwiki.org/wiki/Acromyrmex_octospinosus#Nomenclature

-https://antmaps.org/?mode=species&species=Acromyrmex.octospinosus

-https://antwiki.org/wiki/Acromyrmex_insinuator

-https://antwiki.org/wiki/Acromyrmex#Biology

-https://link.springer.com/article/10.1007/BF02283904

-https://fr.wikipedia.org/wiki/Gongylidia

-http://www.dictionnaire-amoureux-des-fourmis.fr/F/Fourmis%20champignonnistes/Fourmis-champigonnistes.htm

-http://colonies-fourmis.over-blog.com/article-acromyrmex-d-argentine-49995666.html

-https://link.springer.com/article/10.1007/s00265-021-03113-1

-https://www.antcat.org/references/142730

Ainsi que l’expérience de nos éleveurs.

Photographie de couverture : Jonghyun Park.

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