Atta cephalotes

Amérique du Sud

Lecture rapide :

Famille : Formicidae
Sous famille : Myrmicinae
Tribu : Attini
Genre : Atta
Espèce : Atta cephalotes

Taxonomiste et année de découverte : Espèce décrite par Carl Von Linné en 1758.

Nom vernaculaire : On la nomme “Fourmi coupeuse de feuilles”, “Fourmi manioc”, “Fourmi parasol”, “Fourmi champignonniste” ou encore en anglais “Leaf cutter ant”.

Synonymie : Ce taxon compte plusieurs synonymes, dont aucun n’est encore actuellement utilisé.

Étymologie espèce : Du grec ancien képhalế, qui se rapporte ici à la grosse tête des majors.

TAILLE GYNE : 22 mm

gleguizamon

TAILLE OUVRIÈRES : 2 – 14 mm
TAILLE MÂLES : 18 mm

Apipa

Morphisme : Polymorphisme continu : on observe une différence de taille extrême entre les ouvrières d’une même colonie. Il a par ailleurs été relevé que les plus petites ouvrières ne pesaient que 0,4 mg tandis que les plus grandes dépassaient aisément les 110 mg !

Identification : En plus de la sous-espèce nominale très largement répartie en Amérique du Sud, Atta cephalotes ne comprend qu’une autre sous-espèce actuellement valide, A. cephalotes lutea, uniquement connue du matériel type en provenance de Barbade ; son statut taxonomique est incertain, et elle est parfois classée comme synonyme de la sous-espèce nominale.

Sur son aire de répartition, A. cephalotes pourra être séparée des autres espèces du genre par la pilosité très dense sur le front des majors combinée avec un occiput peu échancré.

Enfin, comme chez toutes les Atta, les ouvrières ne portent tout au plus que trois paires d’épines sur la partie dorsale du mesosoma, ce qui permettra de les distinguer du genre proche Acromyrmex chez qui l’on en compte quatre à cinq paires.

Description : Les ouvrières d’Atta cephalotes sont de couleur orange ou brune. Elles portent de très grandes mandibules triangulaires, acérées et fortement dentées, leur permettant de couper facilement d’épaisses feuilles. On compte six épines sur la partie dorsale de leur mesosoma. La tête est massive, plus large que le thorax et divisée en 2 lobes avec une échancrure occipitale relativement peu profonde en comparaison de ce qui peut s’observer chez d’autres espèces du genre, et des extrémités pointues sauf chez les majors. La tête des majors est couverte d’une dense pilosité, là où celle des minors est souvent glabre.

Les gynes, très massives, sont de couleur brune ; leur corps est intégralement recouvert d’une pilosité roussâtre. Les mâles ont une couleur et une silhouette similaires, mais leur tête est proportionnellement bien plus petite.

Description du biotope : Elles se rencontrent en sous-bois amazonien, aussi bien dans les zones humides que sèches. À noter que cette espèce envahit également fortement les cultures, les jardins, les pampas et les milieux ruraux où elle rase la végétation. On la rencontre parfois en montagne jusqu’à 3 170 mètres d’altitude.

Nidification : Les nids sont terricoles ; certains peuvent atteindre des tailles gargantuesques et s’étendre sur une superficie allant jusqu’à 600 mètres carrés et plus de 8 mètres de profondeur. Le diamètre du nid peut surpasser les 10 mètres et la quantité de terre creusée pour sa construction peut atteindre 40 tonnes.
Les nids sont composés de champignonnières, des salles où les fourmis cultivent un champignon de l’espèce Leucoagaricus gongylophorus, ainsi que de salles dont l’usage principal est de servir de dépotoirs souterrains. Il existe également de nombreuses cheminées en sortie de nid permettant de réguler la température du champignon mais également d’évacuer le Co2 qu’il produit.

Démographie : Cette espèce peut constituer des colonies d’environ 5 à 20 millions d’individus à taille adulte.

Particularités comportementales : Au cours de leur évolution, les Atta ont perdu la capacité de synthétiser certains enzymes et acides aminés ; ce rôle est désormais assuré par le champignon (ou fungus) qu’elles cultivent. De son côté, le champignon (Leucoagaricus gongylophorus) est dépendant des fourmis pour se multiplier. Ceci permet d’établir une symbiose parfaite entre les deux espèces, dépendantes l’une de l’autre.

Les Atta se nourrissent presque exclusivement du fungus qu’elles cultivent et plus précisément des hyphes hypertrophiés (excroissances blanches) appelés “gongylidia” (ou gongylidium au singulier) de forme ellipsoïde que le champignon produit. Elles découpent en petits morceaux divers végétaux qui servent de supports à la culture du champignon.

Il y a différentes sous-castes au sein des ouvrières d’une colonie. Les ouvrières de grande taille sont chargées de collecter les végétaux. Elles découpent dans la canopée des morceaux de feuilles et de fleurs grâce à leurs mandibules, puis les transportent le long de pistes phéromonales tracées au sol jusqu’au nid. Les fragments de végétaux sont ensuite réceptionnés par de plus petites ouvrières, qui les broient en minuscules fragments qu’elles déposent sur le champignon. Finalement, ce sont les plus petites ouvrières qui cultivent le champignon et alimentent les larves. Il est important de noter que sans les différentes sous-castes d’ouvrières, la colonie ne peut pas se développer convenablement. Chaque sous-caste a un travail défini, et il sera difficile pour une sous-caste d’effectuer celui d’une autre.

Dans la nature, le champignon produit des déchets, qui sont transportés par les ouvrières jusqu’à des dépotoirs intra-nidaux. Les ouvrières du genre Atta sont capables de striduler afin de communiquer diverses informations, et peuvent ainsi alerter leurs congénères par ce moyen et les inviter à les rejoindre lors de la découpe de végétaux. La stridulation est un outil de communication à courte distance qui vient s’ajouter à la communication par phéromones.

Quand les Atta prélèvent une importante quantité de feuilles dans la canopée, elles permettent à la lumière d’atteindre le sol plus facilement, et favorisent ainsi le développement des plantes du sous-bois. Leur rôle est donc essentiel dans le cycle de vie d’une parcelle de forêt néotropicale. Une étude en 2019 au Costa-Rica a montré que le genre Atta était responsable de la découpe de 15 % du feuillage des forêts du pays, ce qui en faisait l’un des maillons les plus importants de l’écosystème néotropical.

Alimentation : Dans la nature, cette espèce découpe des végétaux pour les ramener au nid mais peut également manger des insectes. Cette espèce ne se nourrit pas à proprement parler de végétaux, mais les découpe, mâche et broie pour nourrir le champignon qui produira les gongylidia servant de nourriture à toute la colonie. Ces excroissances contiennent tous les aliments dont a besoin la colonie, qui en est dépendante. Il arrive occasionnellement que des graines, des nectars extra-floraux ou des insectes soient consommés.

Période d’essaimage : Les essaimages sont massifs et ont lieu au début des saisons des pluies. En Guyane française, ils peuvent ainsi être observés de novembre à janvier. On notera que ces vols nuptiaux ne se réalisent pas en même temps que ceux d’Atta sexdens, qui ont lieu de janvier à mars.

Gynie : Cette espèce est strictement monogyne. Des cas de pléometrose ont cependant été rapportés.

Fondation : Après l’essaimage, la gyne creuse une loge où elle dépose les spores de fungus qu’elle aura préalablement récolté sur le champignon de sa colonie mère. Elle élève seule sa première génération d’ouvrières tout en faisant croître son petit morceau de champignon à l’aide de ses excréments, bien qu’il puisse arriver occasionnellement qu’elle sorte pour chercher quelques morceaux de végétaux. Cette espèce est ainsi à cheval entre deux modes de fondation indépendante, et il est donc difficile de la catégoriser comme totalement claustrale ou semi-claustrale.

Cycle de développement : Homodynamique : le développement se poursuit toute l’année sans pause saisonnière, et est étroitement lié à la température ambiante.

Atta cephalotes est répartie dans toute la zone néotropicale. On la retrouve ainsi dans les forêts semi-humides du Mexique jusqu’aux forêts tropicales de Bolivie. Les plus grandes populations s’observent en Amérique Centrale et en Equateur. On l’observe également dans les Antilles, où elle est considérée comme nuisible.

Température de maintien :

  • 24 °C à 29 °C dans l’ADC.
  • 22 °C à 26 °C dans le nid (faire un point chaud et un point froid afin de créer un gradient thermique est fortement conseillé).

Hygrométrie : La colonie devra être placée dans une atmosphère hygrométrique comprise entre 70 et 85 % ; attention cependant à ce que la base du champignon ne soit pas directement en contact avec de l’eau liquide, auquel cas elle pourrait s’abîmer.

Set up : L’espèce ne s’adapte pas du tout aux installations conventionnelles. Il faut reproduire les conditions naturelles autant que possible, et il faudra ainsi placer le champignon dans une cuve en lui offrant de préférence un substrat humide mais non détrempé pour que le champignon ne fonde pas au contact de l’eau (exemples : billes d’argile, humus, sable-limon, perlite…). Afin d’éviter l’excès d’humidité, on peut placer le champignon sur une plateforme en plastique ou en verre comme une coupelle elle-même posée sur le substrat.

Il faudra également ajouter une cuve supplémentaire où les ouvrières déposeront les déchets ; on pourra placer cette cuve surnuméraire à l’arrière de celle contenant le fungus. Ainsi, la colonie ne déposera pas ses déchets au pied du champignon, ce qui pourrait causer par la suite des problèmes dans l’entretien de l’installation mais aussi pour la santé du fungus.

Les tuyaux de raccords devront quant à eux être de taille conséquente, au moins de 30 mm de diamètre afin de permettre un passage aisé des ouvrières lorsqu’elles transporteront leurs feuilles. Il seront de préférence transparents afin de faciliter l’observation.

Si le champignon est petit, il est important d’ajouter une cloche par-dessus (demi-bouteille, boîte de grillons, etc.) pour le confiner et garder une humidité stable. Plus la salle sera confinée, plus il y aura de Co2, ce qui sera propice au développement du fungus.

Un système avec plusieurs cuves de champignon est vivement conseillé, afin qu’il reste toujours du fungus en cas de problème. Il sera nécessaire de s’assurer qu’il y ait une bonne circulation de l’air, ce qui est très important pour le champignon puisqu’il respire. Il faudra en outre le laisser à l’obscurité et dans le calme, sans vibration ou courant d’air. Enfin, il conviendra d’éviter l’accumulation de gouttes d’eau contre les parois. Pour les grilles d’aération, des inserts en maille d’acier inoxydable sont conseillés.

Alimentation : Il est important de mettre un abreuvoir d’eau à la disposition de la colonie, ainsi qu’éventuellement un autre de liquide sucré. Des insectes peuvent également être donnés, sans que ce ne soit obligatoire.

Les feuilles devront être fournies à la colonie en grande quantité. Il est important de ne pas les donner si elles contiennent des tanins, des alcaloïdes ou des pesticides, ce qui tuerait le champignon. Laver vos feuillages à l’eau minérale pourrait être une précaution supplémentaire pour protéger votre colonie.

Chaque colonie a ses goûts propres en termes d’alimentation. Voici une liste de végétaux souvent appréciés :

Foreuse ? : Oui, il faudra surveiller attentivement l’installation afin d’éviter les évasions. Elles découpent facilement du grillage en inox ou en aluminium si elles manquent de place. Elles peuvent également grignoter le plastique, le plexiglas ou l’acrylique, et sont capables de forer le plâtre.

Diapause : Aucune diapause ne sera requise, la gyne suivra seule ses cycles de ponte. Une mise au froid serait d’ailleurs nocive pour le fungus.

Fondation : Indépendante et claustrale. Les gynes n’ont donc théoriquement pas besoin de nourriture pour fonder, bien qu’il soit possible et même préférable de leur fournir des roses (ou autres fleurs) ainsi que du liquide sucré pour assurer un meilleur taux de réussite. La fondation est rapide et le développement du champignon est exponentiel, ce qui ne rend pas l’élevage moins délicat.

Détails à ajouter : En période de grosse chaleur, il sera important d’empêcher la montée de température pour ne pas abîmer le champignon. Pour cela, vous pourrez utiliser un textile humide posé sur un ventilateur, ou tout simplement un climatiseur.

En cas de mauvaises conditions de maintien ou autres facteurs encore inconnus, un champignon parasite du fungus nommé Escovopsis peut faire son apparition. Il ravagera le fungus, et il faudra alors au plus vite isoler la partie infectée de la partie encore intacte afin de sauver la colonie. Nous vous déconseillons de garder le couvain stocké sur la zone infectée, car il pourrait être porteur de germes.

Les ouvrières sont parfois recouvertes d’une pellicule blanche farineuse sur la cuticule. Il s’agit de la bactérie Pseudonocardia qu’elles utilisent pour lutter contre les champignons attaquant leur fungus.

A noter que les mandibules des majors sont très tranchantes, et peuvent aisément creuser la chair humaine en cas de morsure.

Difficulté d’élevage :  Difficile à moyen terme. Le champignon sera le maillon le plus sensible dans la colonie, et l’on pourra perdre plusieurs litres de fungus voire même la totalité du champignon en 24 heures si les conditions sont instables ou si vos végétaux contiennent des pesticides. La colonie requiert un nourrissage quotidien ainsi qu’un investissement conséquent, qui sera d’autant plus important au fil de l’évolution de la colonie. Il ne faudra pas négliger la période hivernale qui, en Europe, rend plus difficile l’accès aux végétaux.

L’élevage des colonies matures d’Atta cephalotes, qui comptabilisent plusieurs millions d’ouvrières, est totalement impossible pour la vaste majorité des particuliers sur le long terme. Il ne sera généralement envisageable que pour les musées et zoos.

Les fourmis des genres Acromyrmex  et Amoimyrmex pourraient se montrer comme des coupeuses de feuilles plus “accessibles”, bien que leurs colonies puissent également devenir très populeuses sur le long terme.

 

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

Famille : Formicidae
Sous famille : Myrmicinae
Tribu : Attini
Genre : Atta
Espèce : Atta cephalotes

Taxonomiste et année de découverte : Espèce décrite par Carl Von Linné en 1758.

Nom vernaculaire : On la nomme “Fourmi coupeuse de feuilles”, “Fourmi manioc”, “Fourmi parasol”, “Fourmi champignonniste” ou encore en anglais “Leaf cutter ant”.

Synonymie : Ce taxon compte plusieurs synonymes, dont aucun n’est encore actuellement utilisé.

Étymologie espèce : Du grec ancien képhalế, qui se rapporte ici à la grosse tête des majors.

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE GYNE : 22 mm

gleguizamon

TAILLE OUVRIÈRES : 2 – 14 mm
TAILLE MÂLES : 18 mm

Apipa

Morphisme : Polymorphisme continu : on observe une différence de taille extrême entre les ouvrières d’une même colonie. Il a par ailleurs été relevé que les plus petites ouvrières ne pesaient que 0,4 mg tandis que les plus grandes dépassaient aisément les 110 mg !

Identification : En plus de la sous-espèce nominale très largement répartie en Amérique du Sud, Atta cephalotes ne comprend qu’une autre sous-espèce actuellement valide, A. cephalotes lutea, uniquement connue du matériel type en provenance de Barbade ; son statut taxonomique est incertain, et elle est parfois classée comme synonyme de la sous-espèce nominale.

Sur son aire de répartition, A. cephalotes pourra être séparée des autres espèces du genre par la pilosité très dense sur le front des majors combinée avec un occiput peu échancré.

Enfin, comme chez toutes les Atta, les ouvrières ne portent tout au plus que trois paires d’épines sur la partie dorsale du mesosoma, ce qui permettra de les distinguer du genre proche Acromyrmex chez qui l’on en compte quatre à cinq paires.

Description : Les ouvrières d’Atta cephalotes sont de couleur orange ou brune. Elles portent de très grandes mandibules triangulaires, acérées et fortement dentées, leur permettant de couper facilement d’épaisses feuilles. On compte six épines sur la partie dorsale de leur mesosoma. La tête est massive, plus large que le thorax et divisée en 2 lobes avec une échancrure occipitale relativement peu profonde en comparaison de ce qui peut s’observer chez d’autres espèces du genre, et des extrémités pointues sauf chez les majors. La tête des majors est couverte d’une dense pilosité, là où celle des minors est souvent glabre.

Les gynes, très massives, sont de couleur brune ; leur corps est intégralement recouvert d’une pilosité roussâtre. Les mâles ont une couleur et une silhouette similaires, mais leur tête est proportionnellement bien plus petite.

 

3) BIOLOGIE :

Description du biotope : Elles se rencontrent en sous-bois amazonien, aussi bien dans les zones humides que sèches. À noter que cette espèce envahit également fortement les cultures, les jardins, les pampas et les milieux ruraux où elle rase la végétation. On la rencontre parfois en montagne jusqu’à 3 170 mètres d’altitude.

Nidification : Les nids sont terricoles ; certains peuvent atteindre des tailles gargantuesques et s’étendre sur une superficie allant jusqu’à 600 mètres carrés et plus de 8 mètres de profondeur. Le diamètre du nid peut surpasser les 10 mètres et la quantité de terre creusée pour sa construction peut atteindre 40 tonnes.
Les nids sont composés de champignonnières, des salles où les fourmis cultivent un champignon de l’espèce Leucoagaricus gongylophorus, ainsi que de salles dont l’usage principal est de servir de dépotoirs souterrains. Il existe également de nombreuses cheminées en sortie de nid permettant de réguler la température du champignon mais également d’évacuer le Co2 qu’il produit.

Démographie : Cette espèce peut constituer des colonies d’environ 5 à 20 millions d’individus à taille adulte.

Particularités comportementales : Au cours de leur évolution, les Atta ont perdu la capacité de synthétiser certains enzymes et acides aminés ; ce rôle est désormais assuré par le champignon (ou fungus) qu’elles cultivent. De son côté, le champignon (Leucoagaricus gongylophorus) est dépendant des fourmis pour se multiplier. Ceci permet d’établir une symbiose parfaite entre les deux espèces, dépendantes l’une de l’autre.

Les Atta se nourrissent presque exclusivement du fungus qu’elles cultivent et plus précisément des hyphes hypertrophiés (excroissances blanches) appelés “gongylidia” (ou gongylidium au singulier) de forme ellipsoïde que le champignon produit. Elles découpent en petits morceaux divers végétaux qui servent de supports à la culture du champignon.

Il y a différentes sous-castes au sein des ouvrières d’une colonie. Les ouvrières de grande taille sont chargées de collecter les végétaux. Elles découpent dans la canopée des morceaux de feuilles et de fleurs grâce à leurs mandibules, puis les transportent le long de pistes phéromonales tracées au sol jusqu’au nid. Les fragments de végétaux sont ensuite réceptionnés par de plus petites ouvrières, qui les broient en minuscules fragments qu’elles déposent sur le champignon. Finalement, ce sont les plus petites ouvrières qui cultivent le champignon et alimentent les larves. Il est important de noter que sans les différentes sous-castes d’ouvrières, la colonie ne peut pas se développer convenablement. Chaque sous-caste a un travail défini, et il sera difficile pour une sous-caste d’effectuer celui d’une autre.

Dans la nature, le champignon produit des déchets, qui sont transportés par les ouvrières jusqu’à des dépotoirs intra-nidaux. Les ouvrières du genre Atta sont capables de striduler afin de communiquer diverses informations, et peuvent ainsi alerter leurs congénères par ce moyen et les inviter à les rejoindre lors de la découpe de végétaux. La stridulation est un outil de communication à courte distance qui vient s’ajouter à la communication par phéromones.

Quand les Atta prélèvent une importante quantité de feuilles dans la canopée, elles permettent à la lumière d’atteindre le sol plus facilement, et favorisent ainsi le développement des plantes du sous-bois. Leur rôle est donc essentiel dans le cycle de vie d’une parcelle de forêt néotropicale. Une étude en 2019 au Costa-Rica a montré que le genre Atta était responsable de la découpe de 15 % du feuillage des forêts du pays, ce qui en faisait l’un des maillons les plus importants de l’écosystème néotropical.

Alimentation : Dans la nature, cette espèce découpe des végétaux pour les ramener au nid mais peut également manger des insectes. Cette espèce ne se nourrit pas à proprement parler de végétaux, mais les découpe, mâche et broie pour nourrir le champignon qui produira les gongylidia servant de nourriture à toute la colonie. Ces excroissances contiennent tous les aliments dont a besoin la colonie, qui en est dépendante. Il arrive occasionnellement que des graines, des nectars extra-floraux ou des insectes soient consommés.

Période d’essaimage : Les essaimages sont massifs et ont lieu au début des saisons des pluies. En Guyane française, ils peuvent ainsi être observés de novembre à janvier. On notera que ces vols nuptiaux ne se réalisent pas en même temps que ceux d’Atta sexdens, qui ont lieu de janvier à mars.

Gynie : Cette espèce est strictement monogyne. Des cas de pléometrose ont cependant été rapportés.

Fondation : Après l’essaimage, la gyne creuse une loge où elle dépose les spores de fungus qu’elle aura préalablement récolté sur le champignon de sa colonie mère. Elle élève seule sa première génération d’ouvrières tout en faisant croître son petit morceau de champignon à l’aide de ses excréments, bien qu’il puisse arriver occasionnellement qu’elle sorte pour chercher quelques morceaux de végétaux. Cette espèce est ainsi à cheval entre deux modes de fondation indépendante, et il est donc difficile de la catégoriser comme totalement claustrale ou semi-claustrale.

Cycle de développement : Homodynamique : le développement se poursuit toute l’année sans pause saisonnière, et est étroitement lié à la température ambiante.

 

4) RÉPARTITION :

Atta cephalotes est répartie dans toute la zone néotropicale. On la retrouve ainsi dans les forêts semi-humides du Mexique jusqu’aux forêts tropicales de Bolivie. Les plus grandes populations s’observent en Amérique Centrale et en Equateur. On l’observe également dans les Antilles, où elle est considérée comme nuisible.

 

5) ÉLEVAGE :

Température de maintien :

  • 24 °C à 29 °C dans l’ADC.
  • 22 °C à 26 °C dans le nid (faire un point chaud et un point froid afin de créer un gradient thermique est fortement conseillé).

Hygrométrie : La colonie devra être placée dans une atmosphère hygrométrique comprise entre 70 et 85 % ; attention cependant à ce que la base du champignon ne soit pas directement en contact avec de l’eau liquide, auquel cas elle pourrait s’abîmer.

Set up : L’espèce ne s’adapte pas du tout aux installations conventionnelles. Il faut reproduire les conditions naturelles autant que possible, et il faudra ainsi placer le champignon dans une cuve en lui offrant de préférence un substrat humide mais non détrempé pour que le champignon ne fonde pas au contact de l’eau (exemples : billes d’argile, humus, sable-limon, perlite…). Afin d’éviter l’excès d’humidité, on peut placer le champignon sur une plateforme en plastique ou en verre comme une coupelle elle-même posée sur le substrat.

Il faudra également ajouter une cuve supplémentaire où les ouvrières déposeront les déchets ; on pourra placer cette cuve surnuméraire à l’arrière de celle contenant le fungus. Ainsi, la colonie ne déposera pas ses déchets au pied du champignon, ce qui pourrait causer par la suite des problèmes dans l’entretien de l’installation mais aussi pour la santé du fungus.

Les tuyaux de raccords devront quant à eux être de taille conséquente, au moins de 30 mm de diamètre afin de permettre un passage aisé des ouvrières lorsqu’elles transporteront leurs feuilles. Il seront de préférence transparents afin de faciliter l’observation.

Si le champignon est petit, il est important d’ajouter une cloche par-dessus (demi-bouteille, boîte de grillons, etc.) pour le confiner et garder une humidité stable. Plus la salle sera confinée, plus il y aura de Co2, ce qui sera propice au développement du fungus.

Un système avec plusieurs cuves de champignon est vivement conseillé, afin qu’il reste toujours du fungus en cas de problème. Il sera nécessaire de s’assurer qu’il y ait une bonne circulation de l’air, ce qui est très important pour le champignon puisqu’il respire. Il faudra en outre le laisser à l’obscurité et dans le calme, sans vibration ou courant d’air. Enfin, il conviendra d’éviter l’accumulation de gouttes d’eau contre les parois. Pour les grilles d’aération, des inserts en maille d’acier inoxydable sont conseillés.

Alimentation : Il est important de mettre un abreuvoir d’eau à la disposition de la colonie, ainsi qu’éventuellement un autre de liquide sucré. Des insectes peuvent également être donnés, sans que ce ne soit obligatoire.

Les feuilles devront être fournies à la colonie en grande quantité. Il est important de ne pas les donner si elles contiennent des tanins, des alcaloïdes ou des pesticides, ce qui tuerait le champignon. Laver vos feuillages à l’eau minérale pourrait être une précaution supplémentaire pour protéger votre colonie.

Chaque colonie a ses goûts propres en termes d’alimentation. Voici une liste de végétaux souvent appréciés :

Foreuse ? : Oui, il faudra surveiller attentivement l’installation afin d’éviter les évasions. Elles découpent facilement du grillage en inox ou en aluminium si elles manquent de place. Elles peuvent également grignoter le plastique, le plexiglas ou l’acrylique, et sont capables de forer le plâtre.

Diapause : Aucune diapause ne sera requise, la gyne suivra seule ses cycles de ponte. Une mise au froid serait d’ailleurs nocive pour le fungus.

Fondation : Indépendante et claustrale. Les gynes n’ont donc théoriquement pas besoin de nourriture pour fonder, bien qu’il soit possible et même préférable de leur fournir des roses (ou autres fleurs) ainsi que du liquide sucré pour assurer un meilleur taux de réussite. La fondation est rapide et le développement du champignon est exponentiel, ce qui ne rend pas l’élevage moins délicat.

Détails à ajouter : En période de grosse chaleur, il sera important d’empêcher la montée de température pour ne pas abîmer le champignon. Pour cela, vous pourrez utiliser un textile humide posé sur un ventilateur, ou tout simplement un climatiseur.

En cas de mauvaises conditions de maintien ou autres facteurs encore inconnus, un champignon parasite du fungus nommé Escovopsis peut faire son apparition. Il ravagera le fungus, et il faudra alors au plus vite isoler la partie infectée de la partie encore intacte afin de sauver la colonie. Nous vous déconseillons de garder le couvain stocké sur la zone infectée, car il pourrait être porteur de germes.

Les ouvrières sont parfois recouvertes d’une pellicule blanche farineuse sur la cuticule. Il s’agit de la bactérie Pseudonocardia qu’elles utilisent pour lutter contre les champignons attaquant leur fungus.

A noter que les mandibules des majors sont très tranchantes, et peuvent aisément creuser la chair humaine en cas de morsure.

Difficulté d’élevage :  Difficile à moyen terme. Le champignon sera le maillon le plus sensible dans la colonie, et l’on pourra perdre plusieurs litres de fungus voire même la totalité du champignon en 24 heures si les conditions sont instables ou si vos végétaux contiennent des pesticides. La colonie requiert un nourrissage quotidien ainsi qu’un investissement conséquent, qui sera d’autant plus important au fil de l’évolution de la colonie. Il ne faudra pas négliger la période hivernale qui, en Europe, rend plus difficile l’accès aux végétaux.

L’élevage des colonies matures d’Atta cephalotes, qui comptabilisent plusieurs millions d’ouvrières, est totalement impossible pour la vaste majorité des particuliers sur le long terme. Il ne sera généralement envisageable que pour les musées et zoos.

Les fourmis des genres Acromyrmex  et Amoimyrmex pourraient se montrer comme des coupeuses de feuilles plus “accessibles”, bien que leurs colonies puissent également devenir très populeuses sur le long terme.

 

Sources et crédits :

Sites Internet :

  • antwiki.org
  • antweb.org
  • antmaps.org

Publications myrmécologiques :

 

Ainsi que l’expérience des éleveurs Ants natural, Fab Ien, Jérôme Philippart et Saber.

 

Photographie de couverture : Scott Bauer.

Fiche rédigée par Saber

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