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Famille : Formicidae
Sous famille : Ponerinae
Tribu : Ponerini
Genre : Pachycondyla
Espèce : Pachycondyla crassinoda
Taxonomiste et année de découverte : Pierre-André Latreille en 1802
Synonymes et ancien noms : pas de synonyme ou d’anciens nom.
Etymologie genre : Pachy = épais, dense ; Condyla (de : Conylus) = surface articulaire (faisant ici référence à une exocuticule très développée).
Etymologie espèce : Crassi (de : Crassus) = gras/graisse, obèse, épais ; Noda (de Nodus) = gonflement (se référant aux nœuds pétiolaires épais de l’ouvrière et de la femelle de cette espèce).
Taille gyne : 19 à 26mm
Taille ouvrière : 16 à 24mm du gastre aux mandibules. (souvent 21mm)
PAS DE MAJOR
Taille mâle : 16-22mm
Morphisme : L’espèce présente un fort polymorphisme en terme de taille mais une seule caste n’est observée chez les ouvrières.
Faisant partie d’un groupe d’espèce cryptique ? : Non Pachycondyla crassinoda est difficilement confondue avec d’autres espèces. Elle se distingue aisément de Pachycondyla striata par la pilosité moins importante et sa pointe du gastre uniformément noire et non orangée. Elle se distingue également de Pachycondyla impressa par sa plus grande taille, plus de dents au niveau des mandibules et une double entaille à la pointe du gastre. Aucunes sous espèces ou espèces cryptiques n’ont été décrites.
A noter que les informations scientifiquement approuvées sur l’espèce sont très rares. Cette situation pourrait donc évoluer et l’existence de sous espèces voire d’espèces cryptiques est probable. Des propos convergents d’observateurs qualifiés tendraient à croire à une éventuelle sous espèce de plus grande taille chez Pachycondyla crassinoda.
Description : Pachycondyla crassinoda est une ponérine sud américaine de grande taille. Elle est uniformément noir mate et recouverte d’une pilosité fine. C’est la plus grande représentante de son genre et la seconde plus grande Pachycondyla-old derrière Paltothyreus tarsatus.
Cette espèce est massive, sa cuticule est très épaisse, ses antennes sont longues et larges, ses pattes sont proportionnellement courtes et les 4 parties de son corps sont très réservés ce qui renforce l’idée d’une fourmi robuste et compacte. Elle possède un nœud pétiolaire imposants, 9 dents au niveau des mandibules, 12 articles antennaires et des crochets caractéristiques sur le bout du gastre.
Il semblerait que la taille des individus soit très variable en fonction de la provenance des populations.
Il existerait ainsi de “petites Pachycondyla crassinoda“, majoritairement présentes en Guyane et au Suriname et dont la taille serait d’environ 16 à 19 mm pour les ouvrières et 18 à 21 mm pour les gynes. On observerait aussi de “grandes Pachydondyla crassinoda” dans le parc amazonien dont la taille varierait entre 20 et 24 mm pour tous les individus. Enfin, une population de “Pachydondyla crassinoda géantes” dont la taille varierait entre 23 et 27 mm aurait été observée dans des périmètre beaucoup plus localisé. Néanmoins, les rares observateurs des ces individus géants auraient choisi de ne pas divulguer l’endroit où ils les auraient observé.
Description du biotope : Pachycondyla crassinoda est une espèce vivant principalement en sous bois tropical amazonien. On observe les individus fourrager au sol et dans les plus basses strates herbacées. Le sol dans lequel elle vit est très argileux et chargé de déchets organiques divers. Altitude : Jusqu’à 800m de hauteur.
Nidification : La plus part du temps, les nids sont en pleine terre, parfois sous les pierres ou rarement sous les vielles souches. Elles semblent faire des nids polydomiques. Les entrées sont très larges, et l’on observe souvent de la terre retournée due à l’excavation près de ces dernières. Il semblerait d’ailleurs que les fondations aient coutume de reboucher les entrées de leur nid quand aucun individu ne fourrage.
Démographie : Les colonies sont relativement peu populeuses, environ 300 à 350 individus à l’âge adulte. Il ne faudra cependant pas oublier qu’en vue de leur taille et de leur mode de vie, cela est énorme.
Particularité comportemental : Pachycondyla crassinoda est une espèce active aussi bien la nuit que le jour. Les colonies avancées sont extrêmement dominantes et agressives. Les ouvrières n’hésitent pas à piquer ou à mordre.
La piqure est d’ailleurs une action habituelle qu’elles effectuent au moindre doute pour chasser ou se défendre.
Les fondations, pléometroses et gynes seules sont cependant très discrètes et auraient la tendance de reboucher les entrées de leur nid.
Pachycondyla crassinoda a la coutume de pondre des oeufs trophiques difformes destinés à la conservation de nourriture. Ces œufs peuvent être pondus par n’importe quel individu femelle dans la colonie (ouvrières, gyne fécondée ou non fécondée).
Les oeufs fécondés sont souvent conservés en “paquets” de 3 à 9 œufs. Ils sont longs et de forme cylindrique, quant ils arrivent à maturité ils prennent un teinte orangée.
En cas de stress les individus non qualifiés pour la défense de la colonie auront tendance à devenir immobiles, s’aplatir puis refermer les follicules centenaires sur les scapes en les posant juste au-dessus des ommatidies.
A noter que les larves peuvent bouger et se nourrir seules. Le tandem-running peut également être pratiqué occasionnellement.
Interactions sociales en milieux naturel : Pachycondyla crassinoda est une fourmi très dominante, ses interactions sociales avec d’autres espèces de fourmis semblent très limitées. D’après des observations sur le terrain, dans les zones forestières que Pachycondyla crassinoda a colonisée, on note une raréfaction voire une absence de Paraponera clavata. Cette grande espèce rentrerait directement en concurrence pour la nourriture et la dominance au point de créer des conflits directs avec Pachycondyla quand des colonies matures prétendent au même territoire. En règle général, il s’agirait même d’une absence des grandes ponéromorphes dans les zones colonisées par P.crassinoda, ceux pour des raisons de conflit d’usage alimentaire.
D’autres observations ont montrées que Pachycondyla crassinoda pratiquerait le mutualisme avec une espèce non identifiée de Pheidole marron, peu populeuse et de petite taille qui se nourrirait dans les dépotoirs de P.crassinoda.
Enfin, Pachycondyla crassinoda serait une prédatrice directe de certaines espèces de Camponotus. Ses seules prédateurs en milieu naturelle serait certaines araignées, certains reptiles et oiseaux et les Eciton sp.
Alimentation : Pachycondyla crassinoda est une grande prédatrice. Elle chasse seule ou en petit groupe une grande variété d’insectes dans la litière. On notera en nature un attrait pour les scolopendres et lithobies qu’elles mutileraient et immobiliseraient grâce à leur paire de doubles crochets sub-gastriques. Ces fourmis sont également des prédateurs opportunistes des termites des genres Cornitermes, Labiotermes et Syntermes.
Pachycondyla crassinoda consommerait également des nectars floraux et extra-floraux à de rares occasions mais également des petits fruits et petites baies trouvés au sol.
Des cas d’ouvrières consommant des cadavres de reptiles ou de poissons morts ont également été observés.
Piqure : Pachycondyla crassinoda peut piquer aisément, elle est munie d’un venin et d’un aiguillon capable de transpercer l’épiderme. Cette piqure pouvant être douloureuse pendant plusieurs heures (≥3 sur l’Echelle de Schmidt). Elle peut provoquer des maux de tête, des démangeaisons importantes, de sérieux gonflements, des plaques rouges, une sensation de brûlure vive et longue et de la fièvre. Ce n’est donc pas une fourmis pour les enfants. Aucun cas d’allergie n’a été rapporté, la piqure ne semble pas avoir de conséquence dramatique pour la santé humaine. Ces informations sont cependant à prendre avec minutie car cette piqure n’a pas été testée dermatologiquement par des professionnels agréés.
Essaimage : Les essaimages ont lieu à des périodes bien différentes en fonction des pays où elles sont observées. Les femelles ailées ont été collectées en février et mars (Suriname & Guyane), en mai (Equateur), en juin et juillet (Venezuela et Pérou), en octobre (Venezuela) et décembre (Colombie). Selon des observateurs sur place, il serait donc possible de trouver des gynes en fondation tout au long de l’année, pour préserver la population nous vous déconseillons de les ramasser. Pour la Guyane Française, les essaimages auraient lieu entre fin décembre et fin mars.
Gynie : cette espèce est monogyne voire, beaucoup plus rarement oligogyne. Sur les petites colonies, on retrouve cependant très régulièrement plusieurs gynes, cette espèce est adepte des pléoletroses longues pour la fondation.
Fondation : La fondation est semi claustrale. Dans la nature elle se déroule presque exclusivement par pléométrose de 2 à 5 gynes. En captivité, la fondation monogyne est possible mais extrêmement longue et difficile, une très faible pourcentage de réussite y est signalé. On préfèrera des groupes de 2 à 3 gynes mais une fois encore, la difficulté sera très élevée et la patience de rigueur.
Cycle de développement : Exogène homodynamique, Pachycondyla se développe toute l’année (population Amazonienne et Guyanaise). Endogène hétérodynamique, se developpe en suivant son cycle biologique (Population Est Amérique Sud).
Fait intéressant : chez Pachycondyla crassinoda, l’apparition des sexués dans les colonies est rapide. Ainsi il est coutume d’observer des colonies de moins de 5 individus avec déjà des sexués. Les ouvrières pourraient également devenir des gamergates après fécondation par un mâle (généralement d’une autres colonie) voire même réaliser la parthénogenèse thélytoque bien que ce cas n’est pas été observé dans des conditions officielles mais uniquement théorisé à petites échelles.
A noter également qu’en nature, les cocons de cette espèce sont parasités par la guêpe Kapala cuprea et que les ouvrières peuvent être les hôtes du champignon pathogène Ophiocordyceps australis.
Pachycondyla crassinoda se retrouve dans les zones forestières des 2 tiers nord de l’Amérique du Sud. Elle aurait également été aperçue dans certaines îles des Antilles.
Température de maintiens :
- 24 à 29°C dans l’ADC
- 22 à 26°C dans le nid (faire un point chaud et un point froid est fortement conseillé)
La préférence thermique varie particulièrement en fonction de la zone de récolte. Ainsi des colonies provenant du côté ouest de l’Amérique du sud ou de la Cordillère des Andes requiereront une température plus fraîche (22/23) que des colonies provenant des grandes forêts de l’Est (25/26).
Hygrométrie : hygrométrie importante dans l’air 75 à 85% mais veillez à ce que le sol ne soit pas détrempé pour le bien du couvain. Créer un gradient hygrométrique dans le terrarium est conseillé.
Set up : Pour le set up de fondation, on choisira une boîte large et spacieuse (exemple 30*30*30) où la/les gynes pourront creuser dans un substrat organique (pour le tissage des cocons). Un substrat stable, aéré et compact sera de rigueur (mélange d’humus, d’argile et de déchets organiques) et le drainage sera une obligation. Nous vous conseillons également d’ajouter une microfaune abondante telle que des collemboles, des iules, des lombrics, des cloportes… Nous déconseillons les cloportes blancs tropicaux car ils semblent être une source de stress et abîmeront les cocons, préférez donc les gloméris.
Nous vous déconseillons d’opter pour un couvercle pour votre boîte car les vibrations qu’il engendrera pourront être un facteur aggravant de stress.
Pour les colonies plus avancées, on choisira un terrarium. Ce dernier, pour une colonie adulte, devra au minimum mesurer 150cm de longueur pour 50 cm de hauteur. Ces colonies seront bien moins stressées et beaucoup plus adaptables en terme de nid. Il faudra prévoir des galeries hautes et spacieuses si vous choisissez de faire un nid pré-creusé pour vos colonies une fois bien établies.
En terrarium, nous vous conseillons de réaliser des gradients thermiques et hygrométriques (point chaud/froid – mi sec/humide) afin de laisser vos fourmis choisir leurs conditions. N’oubliez pas d’ajouter des collemboles en quantité dans votre terrarium pour limiter la pollution biologique.
Selon certaines observations, ajouter quelques morceaux de feuilles mortes à la surface du sol pourrait être un plus car elles permettraient une meilleure digestion chez les larves qui en consommeraient occasionnellement.
Acarien : il semblerait que Pachycondyla crassinoda soit très sujette aux acariens suceurs d’hémolymphe, pour les éviter, nous vous conseillons d’inspecter vos proies avant de les donner et d’insérer une importante diversité d’organisme au sein du terrarium. En cas d’invasion, placer du taurrus® dans un petit tube sec et insérez le dans l’aire de chasse, vous pourrez également placer des bouts de citron dans le terrarium et répéter cette opération dans vos élevages nourriciers.
Diapause : pas de diapause mais certains éleveurs opteront pour une diminution des températures (~22/23°C) sans que l’utilité d’une telle diminution ne soit avérée. Pour les populations provenant de la côte Est de l’Amérique du Sud, certaines périodes se feront à développement réduit, durant ces périodes de diapause, ne vous conseillerons de diminuer légèrement la température. Il vous faudra donc être attentif au développement de votre colonie pour savoir quand lui proposer une période de pause.
Alimentation : cette espèce demandera une grande quantité d’insectes vivants ou très fraîchement tués. Il faudra veiller à varier les proies en les adaptant à la taille de la colonie. Cette espèce devra être nourrie plusieurs fois par semaine avec des protéines voire tout les jours pour les colonies bien installées. Des viandes crues, du rosé de souris et liquides sucrés à base simple seront également appréciés occasionnellement.
Foreuse ? : Oui cette espèce est très légèrement foreuse (peut forer le plâtre si ce dernier est trop fin). Mais creuse principalement dans la terre et aura une tendance à retourner le substrat.
Fondation : la fondation est semi claustrale, il faudra nourrir la/les gynes quotidiennement avec des protéines. Le stress pourra être fatal; il faudra garder la gyne puis la petite fondation dans le plus grand calme en veillant à ne pas ou très peu les observer.
Les observations en captivité montrent que le taux de réussite général à la fondation est extrêmement faible, les gynes seules ou en duo n’ayant que très peu de chances d’aboutir à une colonie adulte. Des fondations en trio de gynes seront plébiscitées mais ne seront là encore pas gage de réussite bien qu’un réel avantage.
Transport : Pachycondyla crassinoda est moyennement fragile au transport, nous vous recommandons un envoi express en boîte avec papier humidifié, mousses et feuilles. Un envoi en tube est fortement déconseillé.
Cohabitation : Pachycondyla crassinoda est une espèce difficile à la cohabitation. Il faudra un grand volume pour maintenir plusieurs espèces de fourmis dans la même cuve. Il semblerait cependant que la cohabitation soit possible avec Mayaponera sp, Gnampogenys sp, Pseudoponera stigma, Platythyrea sp, Pseudomyrmex sp, Cephalotes sp.(hors atratus), Colobopsis impressa, Ponera coarctata et Temnothorax sp.
D’autres tentatives de cohabitations avec Daceton armigerum, Gigantiops destructor, Camponotus substitutus et Dolichoderus attelaboides ont été tentées mais avec trop peu de réussite pour être reprises dans des volumes de taille abordable.
Difficultés d’élevage : Cette espèce est l’une des ponérines les plus difficiles à la fondation, les colonies bien installées sont cependant peu craintives. Le stress d’origine diverse (vibration, acarien, lumière…), les manques de rigueur sur les conditions et l’empressement seront les principales causes d’échec sur cette espèce. Pachycondyla crassinoda est une espèce faisant beaucoup de déchets à cause de son régime alimentaire, il faudra les retirer quotidiennement pour éviter les moisissures.
Cette espèce vous demandera un grand investissement en terme de temps et d’argent (plusieurs centaines d’euro).
Nous déconseillons donc cette espèce aux débutants, aux intermédiaires et aux personnes n’ayant pas d’expérience préalable avec les ponéromorphes. Elle n’en restera cependant pas moins l’une des espèces de Ponerinae néotropicales les plus intéressantes de par son agressivité, son comportement singulier, sa grande taille, sa prestance et sa beauté.
N’oubliez pas non plus la place que pourra occuper une colonie après quelques années, l’élevage de cette magnifique espèce ne doit donc pas se faire au détriment de sa surface habitable. Des espèces sur lesquelles se réorienter si la place manque : Pseudoneoponera sp, Pachycondyla harpax, Ectomomyrmex sp.
Antwiki
Antmaps
Instagram : Baptiste_ben, LoanPhoto34 et One_ants
Observation de Baptiste B, One_ants (Alexis C) et Deucalion (Julien G)
Baptiste et One (set up et autres photos)
Enzo F
Photographie de couverture : Baptiste Ben.
Fiche rédigée par One_Ants, Baptiste_Ben et complétée par Deucalion.
1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :
Famille : Formicidae
Sous famille : Ponerinae
Tribu : Ponerini
Genre : Pachycondyla
Espèce : Pachycondyla crassinoda
Taxonomiste et année de découverte : Pierre-André Latreille en 1802
Synonymes et ancien noms : pas de synonyme ou d’anciens nom.
Etymologie genre : Pachy = épais, dense ; Condyla (de : Conylus) = surface articulaire (faisant ici référence à une exocuticule très développée).
Etymologie espèce : Crassi (de : Crassus) = gras/graisse, obèse, épais ; Noda (de Nodus) = gonflement (se référant aux nœuds pétiolaires épais de l’ouvrière et de la femelle de cette espèce).
2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :
Taille gyne : 19 à 26mm
Taille ouvrière : 16 à 24mm du gastre aux mandibules. (souvent 21mm)
PAS DE MAJOR
Taille mâle : 16-22mm
Morphisme : L’espèce présente un fort polymorphisme en terme de taille mais une seule caste n’est observée chez les ouvrières.
Faisant partie d’un groupe d’espèce cryptique ? : Non Pachycondyla crassinoda est difficilement confondue avec d’autres espèces. Elle se distingue aisément de Pachycondyla striata par la pilosité moins importante et sa pointe du gastre uniformément noire et non orangée. Elle se distingue également de Pachycondyla impressa par sa plus grande taille, plus de dents au niveau des mandibules et une double entaille à la pointe du gastre. Aucunes sous espèces ou espèces cryptiques n’ont été décrites.
A noter que les informations scientifiquement approuvées sur l’espèce sont très rares. Cette situation pourrait donc évoluer et l’existence de sous espèces voire d’espèces cryptiques est probable. Des propos convergents d’observateurs qualifiés tendraient à croire à une éventuelle sous espèce de plus grande taille chez Pachycondyla crassinoda.
Description : Pachycondyla crassinoda est une ponérine sud américaine de grande taille. Elle est uniformément noir mate et recouverte d’une pilosité fine. C’est la plus grande représentante de son genre et la seconde plus grande Pachycondyla-old derrière Paltothyreus tarsatus.
Cette espèce est massive, sa cuticule est très épaisse, ses antennes sont longues et larges, ses pattes sont proportionnellement courtes et les 4 parties de son corps sont très réservés ce qui renforce l’idée d’une fourmi robuste et compacte. Elle possède un nœud pétiolaire imposants, 9 dents au niveau des mandibules, 12 articles antennaires et des crochets caractéristiques sur le bout du gastre.
Il semblerait que la taille des individus soit très variable en fonction de la provenance des populations.
Il existerait ainsi de “petites Pachycondyla crassinoda“, majoritairement présentes en Guyane et au Suriname et dont la taille serait d’environ 16 à 19 mm pour les ouvrières et 18 à 21 mm pour les gynes. On observerait aussi de “grandes Pachydondyla crassinoda” dans le parc amazonien dont la taille varierait entre 20 et 24 mm pour tous les individus. Enfin, une population de “Pachydondyla crassinoda géantes” dont la taille varierait entre 23 et 27 mm aurait été observée dans des périmètre beaucoup plus localisé. Néanmoins, les rares observateurs des ces individus géants auraient choisi de ne pas divulguer l’endroit où ils les auraient observé.
3) BIOLOGIE :
Description du biotope : Pachycondyla crassinoda est une espèce vivant principalement en sous bois tropical amazonien. On observe les individus fourrager au sol et dans les plus basses strates herbacées. Le sol dans lequel elle vit est très argileux et chargé de déchets organiques divers. Altitude : Jusqu’à 800m de hauteur.
Nidification : La plus part du temps, les nids sont en pleine terre, parfois sous les pierres ou rarement sous les vielles souches. Elles semblent faire des nids polydomiques. Les entrées sont très larges, et l’on observe souvent de la terre retournée due à l’excavation près de ces dernières. Il semblerait d’ailleurs que les fondations aient coutume de reboucher les entrées de leur nid quand aucun individu ne fourrage.
Démographie : Les colonies sont relativement peu populeuses, environ 300 à 350 individus à l’âge adulte. Il ne faudra cependant pas oublier qu’en vue de leur taille et de leur mode de vie, cela est énorme.
Particularité comportemental : Pachycondyla crassinoda est une espèce active aussi bien la nuit que le jour. Les colonies avancées sont extrêmement dominantes et agressives. Les ouvrières n’hésitent pas à piquer ou à mordre.
La piqure est d’ailleurs une action habituelle qu’elles effectuent au moindre doute pour chasser ou se défendre.
Les fondations, pléometroses et gynes seules sont cependant très discrètes et auraient la tendance de reboucher les entrées de leur nid.
Pachycondyla crassinoda a la coutume de pondre des oeufs trophiques difformes destinés à la conservation de nourriture. Ces œufs peuvent être pondus par n’importe quel individu femelle dans la colonie (ouvrières, gyne fécondée ou non fécondée).
Les oeufs fécondés sont souvent conservés en “paquets” de 3 à 9 œufs. Ils sont longs et de forme cylindrique, quant ils arrivent à maturité ils prennent un teinte orangée.
En cas de stress les individus non qualifiés pour la défense de la colonie auront tendance à devenir immobiles, s’aplatir puis refermer les follicules centenaires sur les scapes en les posant juste au-dessus des ommatidies.
A noter que les larves peuvent bouger et se nourrir seules. Le tandem-running peut également être pratiqué occasionnellement.
Interactions sociales en milieux naturel : Pachycondyla crassinoda est une fourmi très dominante, ses interactions sociales avec d’autres espèces de fourmis semblent très limitées. D’après des observations sur le terrain, dans les zones forestières que Pachycondyla crassinoda a colonisée, on note une raréfaction voire une absence de Paraponera clavata. Cette grande espèce rentrerait directement en concurrence pour la nourriture et la dominance au point de créer des conflits directs avec Pachycondyla quand des colonies matures prétendent au même territoire. En règle général, il s’agirait même d’une absence des grandes ponéromorphes dans les zones colonisées par P.crassinoda, ceux pour des raisons de conflit d’usage alimentaire.
D’autres observations ont montrées que Pachycondyla crassinoda pratiquerait le mutualisme avec une espèce non identifiée de Pheidole marron, peu populeuse et de petite taille qui se nourrirait dans les dépotoirs de P.crassinoda.
Enfin, Pachycondyla crassinoda serait une prédatrice directe de certaines espèces de Camponotus. Ses seules prédateurs en milieu naturelle serait certaines araignées, certains reptiles et oiseaux et les Eciton sp.
Alimentation : Pachycondyla crassinoda est une grande prédatrice. Elle chasse seule ou en petit groupe une grande variété d’insectes dans la litière. On notera en nature un attrait pour les scolopendres et lithobies qu’elles mutileraient et immobiliseraient grâce à leur paire de doubles crochets sub-gastriques. Ces fourmis sont également des prédateurs opportunistes des termites des genres Cornitermes, Labiotermes et Syntermes.
Pachycondyla crassinoda consommerait également des nectars floraux et extra-floraux à de rares occasions mais également des petits fruits et petites baies trouvés au sol.
Des cas d’ouvrières consommant des cadavres de reptiles ou de poissons morts ont également été observés.
Piqure : Pachycondyla crassinoda peut piquer aisément, elle est munie d’un venin et d’un aiguillon capable de transpercer l’épiderme. Cette piqure pouvant être douloureuse pendant plusieurs heures (≥3 sur l’Echelle de Schmidt). Elle peut provoquer des maux de tête, des démangeaisons importantes, de sérieux gonflements, des plaques rouges, une sensation de brûlure vive et longue et de la fièvre. Ce n’est donc pas une fourmis pour les enfants. Aucun cas d’allergie n’a été rapporté, la piqure ne semble pas avoir de conséquence dramatique pour la santé humaine. Ces informations sont cependant à prendre avec minutie car cette piqure n’a pas été testée dermatologiquement par des professionnels agréés.
Essaimage : Les essaimages ont lieu à des périodes bien différentes en fonction des pays où elles sont observées. Les femelles ailées ont été collectées en février et mars (Suriname & Guyane), en mai (Equateur), en juin et juillet (Venezuela et Pérou), en octobre (Venezuela) et décembre (Colombie). Selon des observateurs sur place, il serait donc possible de trouver des gynes en fondation tout au long de l’année, pour préserver la population nous vous déconseillons de les ramasser. Pour la Guyane Française, les essaimages auraient lieu entre fin décembre et fin mars.
Gynie : cette espèce est monogyne voire, beaucoup plus rarement oligogyne. Sur les petites colonies, on retrouve cependant très régulièrement plusieurs gynes, cette espèce est adepte des pléoletroses longues pour la fondation.
Fondation : La fondation est semi claustrale. Dans la nature elle se déroule presque exclusivement par pléométrose de 2 à 5 gynes. En captivité, la fondation monogyne est possible mais extrêmement longue et difficile, une très faible pourcentage de réussite y est signalé. On préfèrera des groupes de 2 à 3 gynes mais une fois encore, la difficulté sera très élevée et la patience de rigueur.
Cycle de développement : Exogène homodynamique, Pachycondyla se développe toute l’année (population Amazonienne et Guyanaise). Endogène hétérodynamique, se developpe en suivant son cycle biologique (Population Est Amérique Sud).
Fait intéressant : chez Pachycondyla crassinoda, l’apparition des sexués dans les colonies est rapide. Ainsi il est coutume d’observer des colonies de moins de 5 individus avec déjà des sexués. Les ouvrières pourraient également devenir des gamergates après fécondation par un mâle (généralement d’une autres colonie) voire même réaliser la parthénogenèse thélytoque bien que ce cas n’est pas été observé dans des conditions officielles mais uniquement théorisé à petites échelles.
A noter également qu’en nature, les cocons de cette espèce sont parasités par la guêpe Kapala cuprea et que les ouvrières peuvent être les hôtes du champignon pathogène Ophiocordyceps australis.
4) RÉPARTITION :
Pachycondyla crassinoda se retrouve dans les zones forestières des 2 tiers nord de l’Amérique du Sud. Elle aurait également été aperçue dans certaines îles des Antilles.
5)ÉLEVAGE :
Température de maintiens :
- 24 à 29°C dans l’ADC
- 22 à 26°C dans le nid (faire un point chaud et un point froid est fortement conseillé)
La préférence thermique varie particulièrement en fonction de la zone de récolte. Ainsi des colonies provenant du côté ouest de l’Amérique du sud ou de la Cordillère des Andes requiereront une température plus fraîche (22/23) que des colonies provenant des grandes forêts de l’Est (25/26).
Hygrométrie : hygrométrie importante dans l’air 75 à 85% mais veillez à ce que le sol ne soit pas détrempé pour le bien du couvain. Créer un gradient hygrométrique dans le terrarium est conseillé.
Set up : Pour le set up de fondation, on choisira une boîte large et spacieuse (exemple 30*30*30) où la/les gynes pourront creuser dans un substrat organique (pour le tissage des cocons). Un substrat stable, aéré et compact sera de rigueur (mélange d’humus, d’argile et de déchets organiques) et le drainage sera une obligation. Nous vous conseillons également d’ajouter une microfaune abondante telle que des collemboles, des iules, des lombrics, des cloportes… Nous déconseillons les cloportes blancs tropicaux car ils semblent être une source de stress et abîmeront les cocons, préférez donc les gloméris.
Nous vous déconseillons d’opter pour un couvercle pour votre boîte car les vibrations qu’il engendrera pourront être un facteur aggravant de stress.
Pour les colonies plus avancées, on choisira un terrarium. Ce dernier, pour une colonie adulte, devra au minimum mesurer 150cm de longueur pour 50 cm de hauteur. Ces colonies seront bien moins stressées et beaucoup plus adaptables en terme de nid. Il faudra prévoir des galeries hautes et spacieuses si vous choisissez de faire un nid pré-creusé pour vos colonies une fois bien établies.
En terrarium, nous vous conseillons de réaliser des gradients thermiques et hygrométriques (point chaud/froid – mi sec/humide) afin de laisser vos fourmis choisir leurs conditions. N’oubliez pas d’ajouter des collemboles en quantité dans votre terrarium pour limiter la pollution biologique.
Selon certaines observations, ajouter quelques morceaux de feuilles mortes à la surface du sol pourrait être un plus car elles permettraient une meilleure digestion chez les larves qui en consommeraient occasionnellement.
Acarien : il semblerait que Pachycondyla crassinoda soit très sujette aux acariens suceurs d’hémolymphe, pour les éviter, nous vous conseillons d’inspecter vos proies avant de les donner et d’insérer une importante diversité d’organisme au sein du terrarium. En cas d’invasion, placer du taurrus® dans un petit tube sec et insérez le dans l’aire de chasse, vous pourrez également placer des bouts de citron dans le terrarium et répéter cette opération dans vos élevages nourriciers.
Diapause : pas de diapause mais certains éleveurs opteront pour une diminution des températures (~22/23°C) sans que l’utilité d’une telle diminution ne soit avérée. Pour les populations provenant de la côte Est de l’Amérique du Sud, certaines périodes se feront à développement réduit, durant ces périodes de diapause, ne vous conseillerons de diminuer légèrement la température. Il vous faudra donc être attentif au développement de votre colonie pour savoir quand lui proposer une période de pause.
Alimentation : cette espèce demandera une grande quantité d’insectes vivants ou très fraîchement tués. Il faudra veiller à varier les proies en les adaptant à la taille de la colonie. Cette espèce devra être nourrie plusieurs fois par semaine avec des protéines voire tout les jours pour les colonies bien installées. Des viandes crues, du rosé de souris et liquides sucrés à base simple seront également appréciés occasionnellement.
Foreuse ? : Oui cette espèce est très légèrement foreuse (peut forer le plâtre si ce dernier est trop fin). Mais creuse principalement dans la terre et aura une tendance à retourner le substrat.
Fondation : la fondation est semi claustrale, il faudra nourrir la/les gynes quotidiennement avec des protéines. Le stress pourra être fatal; il faudra garder la gyne puis la petite fondation dans le plus grand calme en veillant à ne pas ou très peu les observer.
Les observations en captivité montrent que le taux de réussite général à la fondation est extrêmement faible, les gynes seules ou en duo n’ayant que très peu de chances d’aboutir à une colonie adulte. Des fondations en trio de gynes seront plébiscitées mais ne seront là encore pas gage de réussite bien qu’un réel avantage.
Transport : Pachycondyla crassinoda est moyennement fragile au transport, nous vous recommandons un envoi express en boîte avec papier humidifié, mousses et feuilles. Un envoi en tube est fortement déconseillé.
Cohabitation : Pachycondyla crassinoda est une espèce difficile à la cohabitation. Il faudra un grand volume pour maintenir plusieurs espèces de fourmis dans la même cuve. Il semblerait cependant que la cohabitation soit possible avec Mayaponera sp, Gnampogenys sp, Pseudoponera stigma, Platythyrea sp, Pseudomyrmex sp, Cephalotes sp.(hors atratus), Colobopsis impressa, Ponera coarctata et Temnothorax sp.
D’autres tentatives de cohabitations avec Daceton armigerum, Gigantiops destructor, Camponotus substitutus et Dolichoderus attelaboides ont été tentées mais avec trop peu de réussite pour être reprises dans des volumes de taille abordable.
Difficultés d’élevage : Cette espèce est l’une des ponérines les plus difficiles à la fondation, les colonies bien installées sont cependant peu craintives. Le stress d’origine diverse (vibration, acarien, lumière…), les manques de rigueur sur les conditions et l’empressement seront les principales causes d’échec sur cette espèce. Pachycondyla crassinoda est une espèce faisant beaucoup de déchets à cause de son régime alimentaire, il faudra les retirer quotidiennement pour éviter les moisissures.
Cette espèce vous demandera un grand investissement en terme de temps et d’argent (plusieurs centaines d’euro).
Nous déconseillons donc cette espèce aux débutants, aux intermédiaires et aux personnes n’ayant pas d’expérience préalable avec les ponéromorphes. Elle n’en restera cependant pas moins l’une des espèces de Ponerinae néotropicales les plus intéressantes de par son agressivité, son comportement singulier, sa grande taille, sa prestance et sa beauté.
N’oubliez pas non plus la place que pourra occuper une colonie après quelques années, l’élevage de cette magnifique espèce ne doit donc pas se faire au détriment de sa surface habitable. Des espèces sur lesquelles se réorienter si la place manque : Pseudoneoponera sp, Pachycondyla harpax, Ectomomyrmex sp.
Sources :
Antwiki
Antmaps
Instagram : Baptiste_ben, LoanPhoto34 et One_ants
Observation de Baptiste B, One_ants (Alexis C) et Deucalion (Julien G)
Baptiste et One (set up et autres photos)
Enzo F
Photographie de couverture : Baptiste Ben.
Waw ! Magnifique 🙂
Un grand merci d’avoir lu cette si longue fiche ! J’espère qu’elle vous aura plue, c’est le fruit d’un énorme travail. 🙂
Si vous avez des questions ou des modifications à apporter, contactez moi ! 🙂
franchement, incroyable cette fiche, énorme GG !