Aphaenogaster senilis

Europe

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

FAMILLE : Formicidae

SOUS FAMILLE : Myrmicinae

TRIBU : Stenammini

GENRE : Aphaenogaster

ESPÈCE : Aphaenogaster senilis

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Mayr, 1853

NOMS VERNACULAIRES : Gypsy ant (anglais), fourmi bohème (français).

SYNONYMES ET ANCIENS NOMS UTILISÉS : Aucun synonyme n’est actuellement encore utilisé.

ÉTYMOLOGIE GENRE : Du grec ancien, préfixe a- privatif + phaeno, pouvant signifier « brillant » ou « apparent » + gaster, « ventre ». Aphaenogaster peut donc signifier « gastre mat » ou « gastre caché » selon les interprétations.

ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : Du latin senilis, se rapportant à la vieillesse.

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

TAILLE OUVRIÈRES : 6,4-7,7 MM

faluke

TAILLE GYNE : 8,4-9,7 MM

File:Aphaeno senilis BQ T.Monnin.jpgThibaud Monnin

TAILLE MÂLES : 4,7-6 MM

Roger Vila

MORPHISME : Monomorphe ; la taille des ouvrières d’une même colonie reste assez constante.

CONFUSIONS POSSIBLES : En France continentale, il n’y a aucune espèce proche, bien qu’elle soit remplacée par sa cousine Aphaenogaster spinosa en Corse. Elle est parfois confondue avec Aphaenogaster gibbosa, mais cette dernière a un corps brillant, dépourvu de la pilosité blanchâtre d’Aphaenogaster senilis. Ailleurs dans son aire de répartition, on peut néanmoins la confondre à première vue avec d’autres Aphaenogaster du groupe sardoa ; elle s’en distingue cependant facilement après une observation plus précise, étant la seule du groupe à posséder une massue antennaire de cinq articles en plus d’épines propodéales développées.

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES : Aphaenogaster senilis est une fourmi d’assez grande taille, présentant une silhouette grêle montée sur de longues pattes. Uniformément noir mat, le corps est densément couvert de poils blancs. Les gynes, très similaires aux ouvrières, sont brachyptères : leurs ailes sont particulièrement courtes, ce qui les empêche de voler.

3) BIOLOGIE :

DESCRIPTION DU BIOTOPE : Aphaenogaster senilis, plutôt thermophile, ne se retrouve que dans des environnements directement exposés au soleil ; le biotope lui importe peu tant que cette exigence est satisfaite, et on pourra ainsi l’observer dans le maquis méditerranéen, les lisières de forêts clairsemées, les milieux semi-urbains, ou encore les zones littorales. Elle ne s’aventure guère au-delà de 600 mètres d’altitude.

NIDIFICATION : Les nids, rudimentaires, sont presque toujours terricoles, souvent partiellement creusés sous des pierres. Les déménagements sont fréquents. Les colonies sont toujours monodomiques, une séparation du nid entraînant systématiquement la fission en deux colonies distinctes.

DÉMOGRAPHIE: Les colonies ont une démographie modérée, pouvant dépasser un millier d’ouvrières à maturité mais n’en comptant généralement que quelques centaines.

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Les ouvrières de cette espèce active et diurne fourragent essentiellement en solitaire ; très agressives, ce sont d’efficaces chasseuses parcourant inlassablement le sol et la basse végétation à la recherche de nourriture. Elles ramènent au nid des pétales de fleur, même si elles ne semblent pas s’en nourrir.

Cette espèce est notamment connue pour son mode de reproduction particulier. Lorsqu’une colonie se retrouve sans reine après la mort de celle-ci ou une fission coloniale, une ou quelques nouvelles gynes seront produites à partir du jeune couvain restant. Si plusieurs de ces princesses émergent, l’aînée est toujours dominante, et tuera ses jeunes sœurs avant de s’accoupler avec un unique mâle pour prendre la tête de la colonie.

ALIMENTATION : Aphaenogaster senilis est une fourmi opportuniste, pouvant se contenter d’une large gamme de nourriture : les élaïosomes de graines, les fruits, et autres divers débris végétaux feront ainsi ventre. Elles raffolent également des insectes en tout genre, morts ou vifs. À cause d’un jabot social peu développé, elles n’effectuent pas de trophallaxie ; la nourriture est donc directement rapportée au nid pour être partagée entre tous les membres de la colonie, y compris les larves particulièrement mobiles et voraces. Lorsque les ouvrières trouvent une nourriture liquide, elles en imbibent un débris quelconque afin de pouvoir la transporter au nid.

Alonso Ródenas Fernández

ESSAIMAGE : Les gynes, brachyptères, sont incapables de voler ; il n’y a de fait pas d’essaimage à proprement parler. Les mâles, produits en continu dans les colonies, s’envolent peu après leur émergence à la recherche d’une gyne vierge, bien que très peu d’entre eux parviennent à leurs fins. L’accouplement, monandre, a lieu à l’intérieur ou à proximité du nid.

GYNIE : Strictement monogyne ; les colonies ne peuvent contenir qu’une seule gyne fécondée.

FONDATION : Dépendante. Les nouvelles colonies ne se créent que par fission : une colonie mère se sépare en deux, chaque nouveau nid devenant par la suite indépendant. Ces bouturages ont surtout lieu au printemps. Ce mode de fondation ne permet pas une dispersion efficace des colonies, ce qui explique pourquoi les populations d’Aphaenogaster senilis sont souvent très isolées.

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Exogène-hétérodynamique ; le ralentissement de l’activité coloniale en vue de la diapause à la fin de l’automne est principalement déclenché par la baisse des températures et autres conditions extérieures.

4) RÉPARTITION :

L’aire de répartition d’Aphaenogaster senilis se limite à l’Ouest du pourtour méditerranéen. Essentiellement ibérique, en France, on la rencontre surtout dans le département des Pyrénées-Orientales ; elle est moins commune plus à l’Est.

5) ÉLEVAGE :

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : 23-28 °C.

SET UP : Opportuniste, cette espèce saura se contenter de la plupart des installations classiques qui lui seront proposées. Néanmoins, veillez à fournir un substrat à la colonie afin que les ouvrières puissent ramener les liquides sucrés au nid.

Tim Keppens

HYGROMÉTRIE : Entre 20 et 30 % de la surface du nid humidifiée.

DIAPAUSE : Cette espèce méditerranéenne nécessite une diapause particulièrement douce ; dans les faits, une simple baisse de température aux alentours de 15 à 17 degrés durant environ 3 mois (généralement de mi-novembre à mi-février) s’avère idéale.

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Les Aphaenogaster senilis sont particulièrement opportunistes, et se contentent de tout. Comme elles n’effectuent pas de trophallaxie, il est nécessaire de leur fournir un substrat granuleux (du sable, de la perlite ou de la vermiculite fait parfaitement l’affaire) pour leur permettre de ramener les liquides sucrés au nid ; elles apprécient également les sources de nourriture sucrée solides, comme les fruits ou encore la beetle jelly. Il est bien sûr nécessaire de leur fournir de la nourriture protéinée, via des arthropodes vivants ou fraîchement tués. Très agressives, elles n’ont pas peur des insectes vivants, qu’elles exécutent rapidement avant de rapatrier au nid pour en nourrir les larves.

FOREUSE ? : Oui. Lorsqu’elles manquent de place, les Aphaenogaster senilis n’hésitent pas à creuser ce qui peut l’être.

FONDATION : Dépendante ; les gynes sont incapables de fonder seules. La dissémination des colonies ne s’effectuant que par bouturage, il est théoriquement impossible de trouver une gyne sans ouvrière.

DÉTAILS À AJOUTER : Ces fourmis excentriques ont séduit plus d’un éleveur par leur comportement original, leur agressivité et leur aspect unique.

Beaucoup de colonies, à cause de leur tendance à ramener toute nourriture au nid, salissent rapidement celui-ci ; il faudra donc porter une attention toute particulière à son hygiène afin d’éviter les invasions d’acariens.

Lorsque l’on propose un nouveau nid à la colonie pour qu’elle y déménage, il arrive qu’elle fissionne malencontreusement. Dans ce cas de figure, les ouvrières demeurant dans l’ancien nid deviennent rapidement agressives envers celles ayant déménagé dans la nouvelle installation ; les deux parties finissent alors généralement par s’entre-tuer. C’est pourquoi il est préférable d’opter pour des déménagements brutaux, en transversant directement toute la colonie dans la nouvelle installation pour éviter qu’elle ne se divise.

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Assez facile. Bien que relativement simples à vivre à priori, ces fourmis demandent cependant des conditions de maintien assez précises pour s’épanouir.

SOURCES ET CRÉDITS :

Sites Internet :

  • Antwiki.org
  • Antmaps.org
  • Antarea.fr
  • Fort.thomas.free.fr

Publications myrmécologiques :

  • Nouvelle description d’Aphaenogaster senilis sur des exemplaires de la région de Banyuls-sur-mer (P.-O.), France (Henri Cagniant & André Ledoux, 1974)
  • Bourgeois queens and high stakes games in the ant Aphaenogaster senilis (Adam Cronin & Thibaud Monnin, 2009)

Ainsi que l’expérience et les observations des éleveurs.

Photographie de couverture : L’Haricot.

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