Lasius emarginatus

Europe

1) Classification et Signification :

FAMILLE : Formicidae

SOUS-FAMILLE : Formicinae

TRIBU : Lasiini

GENRE : Lasius

ESPÈCE : emarginatus

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : En 1792 par Guillaume-Antoine Olivier

NOMS VERNACULAIRES : Fourmi bicolore.

SYNONYMES ET ANCIENS NOMS UTILISÉS : Aucun synonyme n’est encore actuellement utilisé.

ÉTYMOLOGIE GENRE : “Lasius” du grec “lasios”, signifiant poilu.

ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : Du latin emarginatus, « sans rebord », « échancré ».

2) Morphologie et Identification :

Taille gyne : 7.2-9.0 mm

Quentin Gaillard

Taille ouvrière : 2.4-3.9 mm

 

L’haricot

Taille mâles : 3.8-4.2 mm

MORPHISME : Monomorphe : la taille reste assez constante entre les ouvrières d’une même colonie. Cependant, on notera un fort contraste entre les petites ouvrières de première génération et les individus plus robustes apparaissant à mesure de la croissance coloniale

IDENTIFICATION : Parmi la faune française continentale, L. emarginatus est l’espèce de Lasius présentant la coloration la plus contrastée, avec un mesosoma rouge et le reste du corps noir ou brun. En cas de doute, la pilosité à demi-dressée sur son scape permettra généralement de la séparer des autres Lasius du groupe niger, chez qui l’on observe soit des poils totalement dressés sur le scape, soit une pilosité totalement appliquée.
En Corse, L. emarginatus est remplacée par l’espèce non décrite Lasius COR sp1, arborant une coloration bicolore semblable mais des proportions morphométriques plus proches de L. grandis.
Dans les Balkans, elle peut par ailleurs être confondue avec L. illyricus, qui présente une coloration similaire mais peut être distinguée de L. emarginatus par une pilosité essentiellement appliquée sur le scape.

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES : Lasius emarginatus est une fourmi d’assez petite taille, quoique relativement grande pour son genre. Il s’agit, en France continentale, de l’espèce de Lasius présentant la coloration la plus contrastée, avec une tête et un gastre noirs ou bruns là où le mesosoma est nettement rouge. Son corps trapu est couvert d’une pilosité blanchâtre qui lui a valu son nom de genre, et lui confère à l’œil nu un subtil reflet argenté. Lorsque les ouvrières s’alimentent, leur gastre peut se distendre en d’importantes physogastries translucides.
Les reines, bien plus imposantes que les ouvrières, ont également un mesosoma classiquement plus robuste ainsi qu’un très volumineux gastre, leur assurant de pouvoir fonder de manière claustrale en puisant dans leurs abondantes réserves. D’une teinte généralement moins contrastée que les ouvrières, elles sont le plus souvent entièrement brunes, avec un mesosoma subtilement plus clair. En cas d’importante activité ovarienne, leur gastre peut se déformer en d’impressionnantes physogastries blanchâtres, parfois au point de gêner leurs déplacements.
Les mâles, de taille similaire aux ouvrières, sont plus sombres que les autres castes, en étant souvent presque entièrement noirs.

3) Biologie :

DESCRIPTION DU BIOTOPE : Ubiquiste mais plus thermophile que d’autres Lasius, cette espèce est susceptible d’être rencontrée dans de nombreux biotopes, pourvu qu’elle puisse y trouver la chaleur nécessaire à son développement. Elle privilégiera les milieux secs, et affectionnera tout particulièrement les sols calcaires, mais pourra également être très régulièrement observée dans les milieux anthropisés, y compris au cœur des villes. Elle se retrouve peu en altitude.

NIDIFICATION : Lasius emarginatus est capable de s’établir dans toutes sortes d’anfractuosités, pourvu qu’elle y trouve là encore la chaleur et la faible humidité qui lui sont nécessaires afin de prospérer. Dans les biotopes anthropisés, les colonies nidifient souvent dans les interstices des bâtiments, et il n’est pas rare qu’elles se retrouvent ainsi entre les murs d’une habitation sans pour autant y causer de dégât.
Elles peuvent également loger en pleine terre, et le nid, grand dédale de galeries plus ou moins larges, sera alors très fréquemment construit en partie sous des pierres afin de profiter au mieux de la chaleur du soleil. Les entrées sont habituellement étroites et discrètes.
Les colonies sont polydomes, et peuvent ainsi se diviser en de multiples nids satellites.

DÉMOGRAPHIE : Les colonies de Lasius emarginatus peuvent devenir assez populeuses, et compter plusieurs milliers à quelques dizaines de milliers d’ouvrières.

Gentilbébéphok

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Lasius emarginatus est une espèce agressive fourrageant activement au sol et dans la végétation basse. Souvent dominante dans ses biotopes de prédilection, elle n’hésitera pas à s’attaquer aux fourmis d’autres colonies, y compris de sa propre espèce. Les recrutements sont rapides et efficaces, et de longues colonnes d’ouvrières relient le nid aux sources de nourriture. Il n’est en outre pas rare de la voir s’aventurer à l’intérieur des habitations.

ALIMENTATION : Lasius emarginatus est une espèce omnivore assez opportuniste, avec une préférence pour les nourritures liquides. Dans la nature, elles se nourrissent principalement de miellat des pucerons qu’elles élèvent massivement et de restes d’insectes morts.

L’haricot

ESSAIMAGE : Les essaimages peuvent avoir lieu dès juin, et sont susceptibles de s’étendre jusqu’à début septembre, bien que la plupart des envols aient lieu en plein été. Ils s’observent habituellement le soir et la nuit, et peuvent être assez importants..

GYNIE : Monogyne : une seule reine assure la ponte dans chaque colonie. Cependant, après les essaimages, plusieurs gynes peuvent s’allier en pléométrose afin de fonder ensemble ; toutes les reines surnuméraires seront éliminées par la suite une fois que la fondation commencera à croître

FONDATION : La plupart des reines parviennent à élever une première génération d’ouvrières avant l’hiver, mais les gynes issues d’essaimages tardifs ne passeront souvent la diapause qu’avec des larves, avant que celles-ci ne reprennent leur développement au printemps.

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Endogène-hétérodynamique ; le ralentissement du développement en vue de la diapause est principalement induit par l’horloge biologique de la colonie. A ce moment, des larves seront habituellement toujours présentes dans le nid, et se vernaliseront afin de résister au froid.

4) Répartition :

Espèce globalement répartie dans toute l’Europe, absente en Scandinavie et invasive dans les états de New-York, du New Jersey, au Liban, en Palestine et en Israël.

 

5) Élevage :

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : Une température avoisinant les 20 à 26 degrés sera suffisante pour permettre à la colonie de prospérer. Proposer dans le nid un point chaud jusqu’à 28 degrés tout en gardant le reste de l’installation plus fraîche pourrait en outre favoriser leur développement.

FONDATION : Indépendante et claustrale. Après avoir placé la reine seule en tube, il sera inutile de la nourrir, et il n’y aura plus qu’à la laisser au calme et à l’abri de la lumière directe jusqu’à l’apparition des premières ouvrières, le plus souvent environ un mois et demi plus tard.
Plus rarement, les gynes issues d’essaimages tardifs peuvent n’avoir que des larves à l’approche de l’hiver, et il faudra alors leur faire passer une première diapause avant que le développement ne reprenne au printemps.

SET UP : En élevage, cette espèce se contentera de tout type d’installation classique. N’étant pas foreuse, les nids en béton cellulaire ou en plâtre n’auront en outre pas besoin d’être blindés.

HYGROMÉTRIE : Entre 20 et 45 %; ces fourmis sont relativement tolérantes sur ce paramètre.

DIAPAUSE : Cette espèce étant endogène-hétérodynamique, une diapause lui est nécessaire. Elle devra être rude, de l’ordre de trois mois et demi à quatre mois à une température comprise entre 4 et 10 degrés.

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Elles sont très opportunistes et se contentent de tout. Comme la plupart des fourmis, elles seront principalement nourries de substances sucrées (pseudo-miellats, beetle jelly, fruits…) et d’insectes. Il est parfois préférable de ne leur distribuer les liquides sucrés qu’imbibés dans du coton afin d’éviter les noyades, qui seront plus problématiques pour une jeune fondation avec peu d’ouvrières. Lorsque les colonies ne comportent que peu d’ouvrières, elles peuvent refuser certains insectes, d’autant plus lorsqu’ils sont congelés. Il sera alors nécessaire de leur proposer de petites proies fraîchement tuées et prédécoupées.

FOREUSE : Non. 

DÉTAILS À AJOUTER : Lasius emarginatus est une fourmi robuste, colorée et au développement rapide, qui saura ravir les éleveurs quelle que soit leur expérience. Sur le long terme, les colonies populeuses feront preuve d’une grande activité qui n’aura rien à envier à maintes autres fourmis, et c’est à tort que cette espèce est trop souvent préjugée « inintéressante ».

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE :
Très facile. Tout comme les autres Lasius du groupe niger, cette espèce sera très tolérante vis-à-vis des erreurs, et pourra prospérer dans une large gamme de conditions d’élevage. Elle sera ainsi parfaitement adaptée même pour un premier élevage de fourmis, bien qu’il faille garder en tête que les colonies populeuses pourront rapidement se révéler encombrantes.

Source et crédits:

  • http://www.antarea.fr
  • https://antwiki.org
  • https://antmaps.org/?
  • instagram de One_ants
  • antwiki
  • gentilbebephok (photo)
  • avec l’autorisation d’utilisation des photos de l’haricot
  • https://hal.science/hal-02985123
  • https://www.antcat.org/references/142546
  • et l’expérience de nos éleveurs

Photographie de couverture : L’haricot.

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