Messor barbarus

Europe

FAMILLE : Formicidae 
SOUS-FAMILLE : Myrmicinae 
TRIBU : Stenammini
GENRE : Messor
ESPÈCE : Messor barbarus

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Carl Linnæus en 1767. 
NOMS VERNACULAIRES : On l’appelle la “fourmi moissonneuse”.  
SYNONYMES ET ANCIENS NOMS UTILISÉS : Myrmica rufitarsisFormica megacephalaFormica juvenilis et Formica binodis sont les 4 anciens noms de Messor barbarus aujourd’hui. 

ÉTYMOLOGIE GENRE : “Messor“, du latin “messis“, signifiant moisson.
ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : “barbarus“, vient du latin, qui signifie barbare, aux mœurs rudes.

 TAILLE GYNE : 14-16 MM

Damien

 

One_Ants

 

TAILLE OUVRIERES : 3-12 MM

MINOR (vs MAJOR)

luisorlando

MEDIA

hffbu

MAJOR

GaetanTheFrog

TAILLE MÂLES : 8-9 MM 

mehdichetibi

MORPHISME : Fort polymorphisme au sein d’une colonie mature, composée de minors, de médias et de majors. Ces derniers sont reconnaissables à la taille de leurs têtes surdimensionnées, utiles au décorticage des graines. Il peut y avoir de grandes variations de taille pour chacune des sous-castes. Le polymorphisme de cette espèce est dit “continu”.

IDENTIFICATION : L’espèce peut être confondue avec Messor capitatus, dont elle diffère notamment par un propodeum plus arrondi. M. barbarus peut ensuite être séparée des autres Messor françaises par sa pilosité relativement éparse sur l’ensemble du corps et son absence de psammophore.

Enfin, la confusion est possible en Espagne avec l’espèce récemment décrite Messor erwini ; cependant, les minors de M. barbarus pourront en être distingués par leur mésonotum et leur propodeum très peu sculptés (là où ils sont fortement sculptés chez M. erwini), et les majors par leur propodeum arrondi en vue de profil (alors qu’il est distinctement anguleux chez M. erwini).

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES NOTABLES : Chez cette espèce méditerranéenne, le polymorphisme est bien présent avec une division en 3 sous-castes ouvrières : Minor, Media et Major. Les individus sont majoritairement noirs, sauf chez les majors qui présentent le plus souvent une tête d’un rouge plus ou moins vif. Cette espèce est particulièrement variable en coloration, et l’on pourrait très rarement rencontrer des colonies dans lesquelles les majors sont entièrement noirs, ou au contraire d’autres où tous les individus, minors y compris, sont partiellement rouges ou orangés. Cette espèce ne possède pas de jabot social, elle ne pratique donc pas latrophallaxie. Chose étonnante, cette espèce peut faire des stridulations. C’est un crissement aigu dû au frottement d’un grattoir contre un plateau de fines crêtes parallèles situé sur le bord postérieur du postpétiole.  
Elles sont aussi capables de replier leur abdomen sous le thorax, posture assez fréquente chez le genre Messor. A la naissance, les ouvrières sont jaune pâle car leur tégument n’est pas encore coloré.

raedwulf68

DESCRIPTION DU BIOTOPE : Espèce méditerranéenne très présente dans son milieu, vivant dans un biotope ouvert (prairies herbeuses et sous-bois clairsemés) ainsi que dans des zones arides composées de broussailles.

Messor barbarus. Mons, Provence-Alpes-Côte d’Azur, 83 – France (Eric Huybrechts)
Isabelle Blanchemain, La garrigue autours de Viols-le-Fort (Hérault)

NIDIFICATION : Elle nidifie à même le sol dans des lieux dégagés et le nid peut faire quelques mètres de profondeur. Il est facilement repérable aux monticules de détritus (morceaux de graines, morceaux d’insectes et téguments) trônant devant l’entrée. Il peut y avoir plusieurs entrées au nid. 

maremimar
mathis31415

DÉMOGRAPHIE : Pouvant atteindre plusieurs milliers d’individus.

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Cette espèce est très dominante dans son milieu, la colonie exerce une forte pression et est très agressive, les majors mordent fort malgré le fait qu’ils ne sont pas faits pour se battre mais plutôt pour l’exécution des travaux lourds.

Les colonies matures de Messor barbarus sont facilement repérables dû au fait qu’elles aménagent des pistes, ou autoroutes de fourmis, pour aller chercher de la nourriture jusqu’à plusieurs dizaines de mètres du nid.
Sur ces pistes ne se trouve plus aucun obstacle, les ouvrières nettoyant le passage pour qu’il ne reste plus aucune herbe ni aucun petit caillou.

En automne et au printemps, elles travaillent toute la journée, avec un pic d’activité dans l’après-midi. L’été, elles fourragent davantage le soir et le matin, mais très peu en pleine journée à cause des fortes chaleurs. In natura, les températures optimales sont ainsi aux alentours de 25 à 30 °C ; au-dessus de 46 °C, plus aucune activité ne s’observe à l’extérieur du nid.

Cette espèce utilise deux méthodes pour récolter les graines : 
Premièrement, si les graines sont dispersées les ouvrières vont adopter la stratégie de la récolte unique, c’est-à-dire que chaque graine trouvée va être ramenée au nid, sans grande organisation entre les individus.
Deuxièmement, si les graines sont concentrées en grande quantité, elles se servent de signaux chimiques temporaires pour former des routes permanentes qui sont débarrassées des objets gênants, c’est le transport coopératif, elles font des chaînes de transport, parfois appelées « autoroute de fourmis ».

GaetanTheFrog

Les ouvrières ramènent les graines près de l’entrée du nid puis une autre prend le relais, ou dans le nid directement.

La plus grande particularité de cette espèce réside dans ses énormes réserves de graines qu’elle amasse en été afin de constituer des greniers. Ceux-ci sont gérés pour éviter la germination des graines et les moisissures. Avec ces graines, elles fabriquent un « pain de fourmis » qu’elles confectionnent en les mastiquant jusqu’à en faire une pâte. Il sera consommé par les membres de la colonie, ou directement déposé sur les larves pour les nourrir.

Triturus

En France, elle partage son biotope avec Messor capitatus et Messor bouvieri, on ne la retrouve cependant pas en Corse. Elle ne supporte que très mal les hivers rigoureux, ce qui explique sa répartition moins vaste à l’intérieur des terres que celle de Messor capitatus ou bien sûr, que celle de Messor structor. Elle entre occasionnellement en compétition féroce avec les autres espèces granivores des genres Messor et Goniomma. Les combats ne sont pas rares mais leur ampleur est souvent limitée. Il a également été rapporté en nature que certaines colonies de Messor barbarus pouvaient parfois se faire anéantir par des colonies adultes de Camponotus cruentatus ou de Camponotus vagus cherchant à annexer leur territoire.

ALIMENTATION : Comme dit précédemment, elles sont essentiellement granivores. Elles récoltent toutes sortes de graines dans leur environnement et les entreposent dans le nid afin de les consommer ultérieurement.
Elles ne sont pas de bonnes chasseuses mais si l’occasion se présente elles consommeront volontiers de la viande.
Dans la nature, elles n’ont pas l’occasion de se nourrir de liquides sucrés, comme le font par exemple de nombreux genres de fourmis avec le miellat des pucerons. Ne pratiquant pas la trophallaxie, Messor barbarus n’a pas d’intérêt à se nourrir de liquides sucrés, cependant elles le consommeront si vous leur en proposez dans vos élevages.

GaetanTheFrog

ESSAIMAGE : Les essaimages se font en automne, de début septembre à fin novembre avec un pic d’envol vers mi-octobre. Les gynes font des allers-retours durant l’après-midi et une fois le moment venu elles s’envolent avec les mâles pour effectuer le vol nuptial.
Ces essaimages sont très massifs, à noter que certaines colonies ne produisent que des mâles et d’autres que des femelles. L’essaimage est induit par des phéromones sécrétées par des glandes céphaliques dans la tête des majors.

GYNIE : Dans la nature, cette espèce est strictement monogyne et pratique occasionnellement la pléometrose. Cependant, des analyses effectuées par l’équipe de recherche d’Eric Provost ont montrées que des polygynies primaires et/ou des oligogynies stables pouvaient être observées en captivité après des manipulations durant les prémices de la phase de fondation. Cela entrainant une diminution de l’agressivité envers les intrus. Il semblerait d’ailleurs que ces polygynies artificielle soient des eupolygynies (vraies polygynies où le nombre de gynes impactent positivement vitesse de croissance des colonies).

FONDATION : La fondation est indépendante et claustrale. La gyne tiendra sur ses réserves jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières qui iront chercher les premières graines. En général, la gyne commence à pondre après l’hiver, (pause hivernale) soit au printemps.  

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Cette espèce est exogène hétérodynamique, sa diapause est déclenchée par les conditions extérieures.

Damien

Elle se situe sur le pourtour du bassin méditerranéen, principalement dans le sud du Portugal et de l’Espagne, mais également dans le sud de la France et au nord du Maghreb.

Carte de l’aire de répartition de Messor barbarus à environ 80 km près.

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : Les températures d’élevage vont de 22 à 29°C, la température optimale d’élevage tourne autour de 25-29°C.

Triturus

SET UP : Le nid devra avoir des profondeurs de salles suffisantes ( environ 1cm) afin de ne pas gêner le déplacement de la gyne ou des majors et offrir suffisamment de place pour la confection du pain. Il devra être solide, car les Messor barbarus, dites « foreuses », sont capables de creuser les matériaux trop friables. Les nids en plâtre ou en béton cellulaire devront donc être blindés, par exemple avec du plâtre résiné, du mortier ou du ciment.

Triturus

HYGROMÉTRIE : 20 à 60%, il vous faudra créer un gradient hygrométrique, une partie du nid devra être humide afin de permettre aux Messor de fabriquer leur substance nutritive à base de graines, tandis qu’une section du nid devra être plus sèche afin de permettre le stockage des graines.

DIAPAUSE : Contrairement à ce qui peut être véhiculé, la diapause est strictement obligatoire pour Messor barbarus. Idéalement, il est conseillé de les mettre en diapause 3 à 4 mois à 8-12°C (généralement de décembre à février sans compter les descentes et remontées progressives de température en novembre et en mars).

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Étant essentiellement granivores, vous devrez leur fournir des graines comme base de l’alimentation. Elles devront être de petite taille pour les jeunes colonies ne comportant que quelques ouvrières et de toute taille une fois les premiers médias/majors apparus dans la colonie. Il est conseillé de varier le plus possible les graines que vous proposerez à votre colonie, premièrement pour leur offrir une alimentation variée et équilibrée et secondement parce que chaque colonie a ses goûts et ses préférences, qui peuvent varier avec le temps.

Beaucoup de graines sont acceptées (quinoa, blé, lin, alpiste, niger, navette, avoine, chanvre, lin…). De ce fait, vous pouvez leur proposer par exemple des mélanges de graines pour canaris.

Vous pouvez aussi récolter quelques graines dans la nature, comme les graines de pissenlits qui sont très appréciées. Veillez toutefois à bien choisir l’emplacement de vos récoltes, en évitant par exemple les bords de routes fréquentées, les villes ou d’autres environnements potentiellement pollués.

Il est important aussi de leur apporter régulièrement quelques sources de protéines avec un insecte ou de la viande crue, préalablement congelé quelques jours si vous souhaitez éviter tout risque de contamination par des parasites ou fraîchement tué si vous préférez privilégier la valeur nutritive et gustative de l’aliment.

Bien que cela soit sujet à débat, nous vous suggérons également de proposer occasionnellement des liquides sucrés car, s’ils n’apportent pas d’avantages dans le développement du couvain, ils sont un met très apprécié des imagos et ne pourront donc qu’être source d’enrichissement nutritif.

hffbu

FOREUSE ? : Oui, les Messor creusent aisément les matériaux trop fragiles même si la place ne manque pas.

FONDATION : Après l’essaimage, la gyne ne fondera généralement qu’après la diapause. Pendant la fondation, l’élevage se fera en tube jusqu’à ce qu’il soit plein (une cinquantaine d’ouvrières en général, voire plus). La fondation est claustrale, mais il faudra relier le tube à une aire de chasse à l’arrivée des premières ouvrières. Pour le développement, à la fin de la première année on peut compter entre 50 et 100 ouvrières, puis à la fin de la deuxième année c’est exponentiel, on peut arriver jusqu’à plus de 1000 ouvrières en 3 ans.

Dylan

DÉTAILS À AJOUTER : Espèce active toute l’année sauf lors de la pause hivernale/diapause, son mode de vie la rend très sujette à la présence d’acariens détritivores dans les nids, bien que ces derniers ne soient pas nocifs en quantité restreinte, il faudra veiller à ce que leur population dans le dépotoir n’explose pas.
Bien que l’élevage de Messor barbarus en polygynie semble réalisable, Antariums déconseille les éleveurs d’acheter des fondations de “Messor barbarus polygynes”, cela par manque de recul sur l’impacte biologique et sur les protocoles utilisés pour arriver à ces résultats.

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Très facile. En effet, c’est l’une des deux espèces que l’on recommande le plus pour les débutants (la seconde étant Lasius niger), pour sa capacité à mieux encaisser les erreurs de débutant et sa facilité d’élevage. 

-https://www.antwiki.org/wiki/Messor_barbarus 
-https://antmaps.org/?mode=species&species=Messor.barbarus
-https://fr.wikipedia.org/wiki/Messor_barbarus
-Livre : La fourmi moissonneuse Messor barbarus Biologie et Soins. 
-l’expérience de nos éleveurs ;
-Photo d’entré du nid et photo du biotope : photo de ant/avenue
-Photo d’@AntsChef
Antarea
-http://enriquesacanell.blogspot.com/2014/03/lo-que-las-hormigas-nos-ensenan-para-la.html
– Instagram : One_ants, Antsfourmis, Hffbu, Triturus
– Orou, N.; Csősz, S.; Arnan, X.; Pol, R. G.; Arthofer, W.; Schlick-Steiner, B. C.; Steiner, F. M. 2023. Messor erwini sp. n., a hitherto cryptic harvester ant in the Iberian Peninsula. Zoologischer Anzeiger 307:36-53.
– “Experimental Polygyny and Colony Closure in the Ant Messor Barbarus”, Eric Provost et Philippe Cerdan
https://brill.com/view/journals/beh/115/1-2/article-p114_6.xml
– “Seed and fruit selection by harvester ants, Messor barbarus, in Mediterranean grassland and scrubland”
https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.0269-8463.2005.00956.x

 

Photographie de couverture : Myrmicants.
Fiche rédigée et éditée par de très nombreux contributeurs

1) CLASSIFICATION ET SIGNIFICATION :

FAMILLE : Formicidae 
SOUS-FAMILLE : Myrmicinae 
TRIBU : Stenammini
GENRE : Messor
ESPÈCE : Messor barbarus

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Carl Linnæus en 1767. 
NOMS VERNACULAIRES : On l’appelle la “fourmi moissonneuse”.  
SYNONYMES ET ANCIENS NOMS UTILISÉS : Myrmica rufitarsisFormica megacephalaFormica juvenilis et Formica binodis sont les 4 anciens noms de Messor barbarus aujourd’hui. 

ÉTYMOLOGIE GENRE : “Messor“, du latin “messis“, signifiant moisson.
ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : “barbarus“, vient du latin, qui signifie barbare, aux mœurs rudes.

 

2) MORPHOLOGIE ET IDENTIFICATION :

 TAILLE GYNE : 14-16 MM

Damien

One_Ants

TAILLE OUVRIERES : 3-12 MM

MINOR (vs MAJOR)

luisorlando

MEDIA

hffbu

MAJOR

GaetanTheFrog

TAILLE MÂLES : 8-9 MM 

mehdichetibi

MORPHISME : Fort polymorphisme au sein d’une colonie mature, composée de minors, de médias et de majors. Ces derniers sont reconnaissables à la taille de leurs têtes surdimensionnées, utiles au décorticage des graines. Il peut y avoir de grandes variations de taille pour chacune des sous-castes. Le polymorphisme de cette espèce est dit “continu”.

IDENTIFICATION : L’espèce peut être confondue avec Messor capitatus, dont elle diffère notamment par un propodeum plus arrondi. M. barbarus peut ensuite être séparée des autres Messor françaises par sa pilosité relativement éparse sur l’ensemble du corps et son absence de psammophore.

Enfin, la confusion est possible en Espagne avec l’espèce récemment décrite Messor erwini ; cependant, les minors de M. barbarus pourront en être distingués par leur mésonotum et leur propodeum très peu sculptés (là où ils sont fortement sculptés chez M. erwini), et les majors par leur propodeum arrondi en vue de profil (alors qu’il est distinctement anguleux chez M. erwini).

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES NOTABLES : Chez cette espèce méditerranéenne, le polymorphisme est bien présent avec une division en 3 sous-castes ouvrières : Minor, Media et Major. Les individus sont majoritairement noirs, sauf chez les majors qui présentent le plus souvent une tête d’un rouge plus ou moins vif. Cette espèce est particulièrement variable en coloration, et l’on pourrait très rarement rencontrer des colonies dans lesquelles les majors sont entièrement noirs, ou au contraire d’autres où tous les individus, minors y compris, sont partiellement rouges ou orangés. Cette espèce ne possède pas de jabot social, elle ne pratique donc pas latrophallaxie. Chose étonnante, cette espèce peut faire des stridulations. C’est un crissement aigu dû au frottement d’un grattoir contre un plateau de fines crêtes parallèles situé sur le bord postérieur du postpétiole.  
Elles sont aussi capables de replier leur abdomen sous le thorax, posture assez fréquente chez le genre Messor. A la naissance, les ouvrières sont jaune pâle car leur tégument n’est pas encore coloré.

raedwulf68

3) BIOLOGIE :

DESCRIPTION DU BIOTOPE : Espèce méditerranéenne très présente dans son milieu, vivant dans un biotope ouvert (prairies herbeuses et sous-bois clairsemés) ainsi que dans des zones arides composées de broussailles.

Messor barbarus. Mons, Provence-Alpes-Côte d’Azur, 83 – France (Eric Huybrechts)

Isabelle Blanchemain, La garrigue autours de Viols-le-Fort (Hérault)

NIDIFICATION : Elle nidifie à même le sol dans des lieux dégagés et le nid peut faire quelques mètres de profondeur. Il est facilement repérable aux monticules de détritus (morceaux de graines, morceaux d’insectes et téguments) trônant devant l’entrée. Il peut y avoir plusieurs entrées au nid. 

maremimar

mathis31415

DÉMOGRAPHIE : Pouvant atteindre plusieurs milliers d’individus.

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Cette espèce est très dominante dans son milieu, la colonie exerce une forte pression et est très agressive, les majors mordent fort malgré le fait qu’ils ne sont pas faits pour se battre mais plutôt pour l’exécution des travaux lourds.

Les colonies matures de Messor barbarus sont facilement repérables dû au fait qu’elles aménagent des pistes, ou autoroutes de fourmis, pour aller chercher de la nourriture jusqu’à plusieurs dizaines de mètres du nid.
Sur ces pistes ne se trouve plus aucun obstacle, les ouvrières nettoyant le passage pour qu’il ne reste plus aucune herbe ni aucun petit caillou.

En automne et au printemps, elles travaillent toute la journée, avec un pic d’activité dans l’après-midi. L’été, elles fourragent davantage le soir et le matin, mais très peu en pleine journée à cause des fortes chaleurs. In natura, les températures optimales sont ainsi aux alentours de 25 à 30 °C ; au-dessus de 46 °C, plus aucune activité ne s’observe à l’extérieur du nid.

Cette espèce utilise deux méthodes pour récolter les graines : 
Premièrement, si les graines sont dispersées les ouvrières vont adopter la stratégie de la récolte unique, c’est-à-dire que chaque graine trouvée va être ramenée au nid, sans grande organisation entre les individus.
Deuxièmement, si les graines sont concentrées en grande quantité, elles se servent de signaux chimiques temporaires pour former des routes permanentes qui sont débarrassées des objets gênants, c’est le transport coopératif, elles font des chaînes de transport, parfois appelées « autoroute de fourmis ».

GaetanTheFrog

Les ouvrières ramènent les graines près de l’entrée du nid puis une autre prend le relais, ou dans le nid directement.

La plus grande particularité de cette espèce réside dans ses énormes réserves de graines qu’elle amasse en été afin de constituer des greniers. Ceux-ci sont gérés pour éviter la germination des graines et les moisissures. Avec ces graines, elles fabriquent un « pain de fourmis » qu’elles confectionnent en les mastiquant jusqu’à en faire une pâte. Il sera consommé par les membres de la colonie, ou directement déposé sur les larves pour les nourrir.

Triturus

En France, elle partage son biotope avec Messor capitatus et Messor bouvieri, on ne la retrouve cependant pas en Corse. Elle ne supporte que très mal les hivers rigoureux, ce qui explique sa répartition moins vaste à l’intérieur des terres que celle de Messor capitatus ou bien sûr, que celle de Messor structor. Elle entre occasionnellement en compétition féroce avec les autres espèces granivores des genres Messor et Goniomma. Les combats ne sont pas rares mais leur ampleur est souvent limitée. Il a également été rapporté en nature que certaines colonies de Messor barbarus pouvaient parfois se faire anéantir par des colonies adultes de Camponotus cruentatus ou de Camponotus vagus cherchant à annexer leur territoire.

ALIMENTATION : Comme dit précédemment, elles sont essentiellement granivores. Elles récoltent toutes sortes de graines dans leur environnement et les entreposent dans le nid afin de les consommer ultérieurement.
Elles ne sont pas de bonnes chasseuses mais si l’occasion se présente elles consommeront volontiers de la viande.
Dans la nature, elles n’ont pas l’occasion de se nourrir de liquides sucrés, comme le font par exemple de nombreux genres de fourmis avec le miellat des pucerons. Ne pratiquant pas la trophallaxie, Messor barbarus n’a pas d’intérêt à se nourrir de liquides sucrés, cependant elles le consommeront si vous leur en proposez dans vos élevages.

GaetanTheFrog

ESSAIMAGE : Les essaimages se font en automne, de début septembre à fin novembre avec un pic d’envol vers mi-octobre. Les gynes font des allers-retours durant l’après-midi et une fois le moment venu elles s’envolent avec les mâles pour effectuer le vol nuptial.
Ces essaimages sont très massifs, à noter que certaines colonies ne produisent que des mâles et d’autres que des femelles. L’essaimage est induit par des phéromones sécrétées par des glandes céphaliques dans la tête des majors.

GYNIE : Dans la nature, cette espèce est strictement monogyne et pratique occasionnellement la pléometrose. Cependant, des analyses effectuées par l’équipe de recherche d’Eric Provost ont montrées que des polygynies primaires et/ou des oligogynies stables pouvaient être observées en captivité après des manipulations durant les prémices de la phase de fondation. Cela entrainant une diminution de l’agressivité envers les intrus. Il semblerait d’ailleurs que ces polygynies artificielle soient des eupolygynies (vraies polygynies où le nombre de gynes impactent positivement vitesse de croissance des colonies).

FONDATION : La fondation est indépendante et claustrale. La gyne tiendra sur ses réserves jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières qui iront chercher les premières graines. En général, la gyne commence à pondre après l’hiver, (pause hivernale) soit au printemps.  

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Cette espèce est exogène hétérodynamique, sa diapause est déclenchée par les conditions extérieures.

Damien

4) RÉPARTITION :

Elle se situe sur le pourtour du bassin méditerranéen, principalement dans le sud du Portugal et de l’Espagne, mais également dans le sud de la France et au nord du Maghreb.


Carte de l’aire de répartition de Messor barbarus à environ 80 km près.

5) ÉLEVAGE :

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : Les températures d’élevage vont de 22 à 29°C, la température optimale d’élevage tourne autour de 25-29°C.

Triturus

SET UP : Le nid devra avoir des profondeurs de salles suffisantes ( environ 1cm) afin de ne pas gêner le déplacement de la gyne ou des majors et offrir suffisamment de place pour la confection du pain. Il devra être solide, car les Messor barbarus, dites « foreuses », sont capables de creuser les matériaux trop friables. Les nids en plâtre ou en béton cellulaire devront donc être blindés, par exemple avec du plâtre résiné, du mortier ou du ciment.

Triturus

HYGROMÉTRIE : 20 à 60%, il vous faudra créer un gradient hygrométrique, une partie du nid devra être humide afin de permettre aux Messor de fabriquer leur substance nutritive à base de graines, tandis qu’une section du nid devra être plus sèche afin de permettre le stockage des graines.

DIAPAUSE : Contrairement à ce qui peut être véhiculé, la diapause est strictement obligatoire pour Messor barbarus. Idéalement, il est conseillé de les mettre en diapause 3 à 4 mois à 8-12°C (généralement de décembre à février sans compter les descentes et remontées progressives de température en novembre et en mars).

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Étant essentiellement granivores, vous devrez leur fournir des graines comme base de l’alimentation. Elles devront être de petite taille pour les jeunes colonies ne comportant que quelques ouvrières et de toute taille une fois les premiers médias/majors apparus dans la colonie. Il est conseillé de varier le plus possible les graines que vous proposerez à votre colonie, premièrement pour leur offrir une alimentation variée et équilibrée et secondement parce que chaque colonie a ses goûts et ses préférences, qui peuvent varier avec le temps.

Beaucoup de graines sont acceptées (quinoa, blé, lin, alpiste, niger, navette, avoine, chanvre, lin…). De ce fait, vous pouvez leur proposer par exemple des mélanges de graines pour canaris.

Vous pouvez aussi récolter quelques graines dans la nature, comme les graines de pissenlits qui sont très appréciées. Veillez toutefois à bien choisir l’emplacement de vos récoltes, en évitant par exemple les bords de routes fréquentées, les villes ou d’autres environnements potentiellement pollués.

Il est important aussi de leur apporter régulièrement quelques sources de protéines avec un insecte ou de la viande crue, préalablement congelé quelques jours si vous souhaitez éviter tout risque de contamination par des parasites ou fraîchement tué si vous préférez privilégier la valeur nutritive et gustative de l’aliment.

Bien que cela soit sujet à débat, nous vous suggérons également de proposer occasionnellement des liquides sucrés car, s’ils n’apportent pas d’avantages dans le développement du couvain, ils sont un met très apprécié des imagos et ne pourront donc qu’être source d’enrichissement nutritif.

hffbu

FOREUSE ? : Oui, les Messor creusent aisément les matériaux trop fragiles même si la place ne manque pas.

FONDATION : Après l’essaimage, la gyne ne fondera généralement qu’après la diapause. Pendant la fondation, l’élevage se fera en tube jusqu’à ce qu’il soit plein (une cinquantaine d’ouvrières en général, voire plus). La fondation est claustrale, mais il faudra relier le tube à une aire de chasse à l’arrivée des premières ouvrières. Pour le développement, à la fin de la première année on peut compter entre 50 et 100 ouvrières, puis à la fin de la deuxième année c’est exponentiel, on peut arriver jusqu’à plus de 1000 ouvrières en 3 ans.

Dylan

DÉTAILS À AJOUTER : Espèce active toute l’année sauf lors de la pause hivernale/diapause, son mode de vie la rend très sujette à la présence d’acariens détritivores dans les nids, bien que ces derniers ne soient pas nocifs en quantité restreinte, il faudra veiller à ce que leur population dans le dépotoir n’explose pas.
Bien que l’élevage de Messor barbarus en polygynie semble réalisable, Antariums déconseille les éleveurs d’acheter des fondations de “Messor barbarus polygynes”, cela par manque de recul sur l’impacte biologique et sur les protocoles utilisés pour arriver à ces résultats.

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Très facile. En effet, c’est l’une des deux espèces que l’on recommande le plus pour les débutants (la seconde étant Lasius niger), pour sa capacité à mieux encaisser les erreurs de débutant et sa facilité d’élevage. 

Sources et crédits :
-https://www.antwiki.org/wiki/Messor_barbarus 
-https://antmaps.org/?mode=species&species=Messor.barbarus
-https://fr.wikipedia.org/wiki/Messor_barbarus
-Livre : La fourmi moissonneuse Messor barbarus Biologie et Soins. 
-l’expérience de nos éleveurs ;
-Photo d’entré du nid et photo du biotope : photo de ant/avenue
-Photo d’@AntsChef
Antarea
-http://enriquesacanell.blogspot.com/2014/03/lo-que-las-hormigas-nos-ensenan-para-la.html
– Instagram : One_ants, Antsfourmis, Hffbu, Triturus
– Orou, N.; Csősz, S.; Arnan, X.; Pol, R. G.; Arthofer, W.; Schlick-Steiner, B. C.; Steiner, F. M. 2023. Messor erwini sp. n., a hitherto cryptic harvester ant in the Iberian Peninsula. Zoologischer Anzeiger 307:36-53.
– “Experimental Polygyny and Colony Closure in the Ant Messor Barbarus”, Eric Provost et Philippe Cerdan
https://brill.com/view/journals/beh/115/1-2/article-p114_6.xml
– “Seed and fruit selection by harvester ants, Messor barbarus, in Mediterranean grassland and scrubland”
https://besjournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/j.0269-8463.2005.00956.x

Photographie de couverture : Myrmicants.
Fiche rédigée et éditée par de très nombreux contributeurs

Edition Janvier 2024

3 thoughts on “Messor barbarus

  1. Bonjour
    Super article bien monté
    Je me suis lancé dans la myrmecologie depuis peu avec l’acquisition d’une reine Messor Barbarus seule.
    Je la posséde depuis deux semaines et une première ouvriére a vu le jour suivi d’une deuxième qui ne saurait tarder.
    A quel moment dois les lâcher du tube, dois je attendre d’en avoir un nombre suffisant, dois les nourrir ?
    J’ai un nid a creuser en sable/argile vertical couplé a une air de chasse.
    Je vous remercie par avance pour les conseils que vous sauriez m’apporter.
    Bien à vous

    1. Ma colonie de MESSOR BARBARUS s’est bien developee jai commence avec environ 30 fourmis maintenant j’en ai 50 c’est super
      Idéale pour les debutants et granivores AntSaone moi je lai ai libérées quand ils étaient environ 10 a 20
      je ne sais pas si jai bien fait mais pour la nourriture je la donne toutes les semaines

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