Lasius niger

Europe

1) Classification et Signification :

FAMILLE : Formicidae

SOUS FAMILLE : Formicinae

TRIBU : Lasiini

GENRE : Lasius

ESPÈCE : niger

TAXONOMISTE ET ANNÉE DE DESCRIPTION : Linnaeus, 1758 (sous le nom de Formica nigra)

NOMS VERNACULAIRES : Fourmi noire des jardins.

SYNONYMES ET ANCIENS NOMS UTILISÉS : Formica nigra (protonyme)

ÉTYMOLOGIE GENRE : Lasius du grec “lasios”, en référence à leur abondante pilosité.

ÉTYMOLOGIE ESPÈCE : niger “du latin “niger”, en référence à leur couleur noire.

2) Morphologie et Identification :

Taille gyne : 7.0-9.5 mm

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Taille ouvrières : 2.0-4.0 mm

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Taille mâle : 3.5-4.5 mmAntwiki.org / Antweb.org

 

MORPHISME : Monomorphe : la taille des ouvrières d’une même colonie n’est que faiblement variable. On pourra cependant observer un contraste marqué entre les petites ouvrières de première génération et les individus plus robustes arrivant à mesure de la croissance coloniale.

IDENTIFICATION : Lasius niger est très semblable aux autres espèces entièrement noires du genre, et l’en distinguer est généralement impossible sans observation à la loupe binoculaire ou sur très bonnes macrophotographies.

Elle fait partie des quatre espèces de Lasius noires françaises à présenter des poils dressés sur le scape, un critère qui sera ainsi important dans sa reconnaissance. Il sera possible de la distinguer des espèces partageant avec elle cette caractéristique (L. platythorax, L. grandis et L. cinereus) par une pilosité globalement plus courte sur le mesosoma.
Elle est particulièrement proche de L. platythorax, une espèce se retrouvant également dans toute la France, mais affectionnant le plus souvent des biotopes plus frais, humides et ombragés que L. niger. En outre, les gynes de L. platythorax présentent un mesosoma moins robuste que ce que l’on peut observer chez L. niger.

DESCRIPTION ET PARTICULARITÉS PHYSIQUES : Les ouvrières de Lasius niger sont uniformément noires ou brunes, ce qui leur vaut de faire partie des fameuses « fourmis noires » telles que désignées par le grand public. Cependant, sous un fort éclairage, le mesosoma peut apparaître d’une teinte subtilement plus claire que le reste du corps, bien que ce contraste ne soit jamais aussi marqué que chez les espèces bicolores du genre telles que L. emarginatus. Une observation plus précise révèle une pilosité blanchâtre particulièrement dense sur l’intégralité de leur corps, qui leur a valu leur nom de genre. De taille modeste, elles n’en gardent pas moins une silhouette relativement robuste pour des Formicinae. Lorsqu’elles se nourrissent, leur gastre peut se distendre en d’importantes physogastries translucides.
Les reines sont bien plus grandes que les ouvrières, et portent un mesosoma massif ainsi qu’un gastre particulièrement volumineux, leur assurant de pouvoir fonder de manière claustrale en puisant dans leurs abondantes réserves. En cas d’importante activité ovarienne, leur gastre peut se déformer en d’impressionnantes physogastries blanchâtres, parfois jusqu’au point de gêner leurs déplacements.

3) Biologie :

DESCRIPTION DU BIOTOPE : Lasius niger, particulièrement ubiquiste, se rencontre dans une très large gamme de biotopes pourvu qu’elle puisse y trouver la chaleur nécessaire à son développement. En cela, elle ne fréquentera pas les mêmes milieux que l’espèce voisine L. platythorax, qui tendra plutôt à se retrouver dans des biotopes plus frais, et les deux espèces n’entreront ainsi généralement pas en compétition.
Bien qu’également très commune dans les plaines ou autres sous-bois clairsemés, L. niger sera très régulièrement rencontrée dans les milieux anthropisés, y compris au cœur des grandes villes où elle peut constituer à elle seule une importante partie de la myrmécofaune observée.

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NIDIFICATION : Lasius niger nidifie généralement en pleine terre, et peut exploiter toute anfractuosité jusqu’aux fissures des trottoirs en milieu urbain. Les nids prennent la forme de complexes dédales de galeries plus ou moins larges, souvent partiellement établies sous des pierres où la chaleur du soleil est exploitée afin de favoriser le développement du couvain. Des monticules de terre peuvent parfois également être construits en surface.
Les entrées du nid sont la plupart du temps assez étroites, et ne laissent simultanément passer que quelques ouvrières à la fois. Avant les essaimages, elles sont considérablement élargies afin de permettre le passage des sexués, et une importante quantité de terre peut alors en être déblayée.
Les colonies sont polydomiques, et peuvent ainsi exploiter efficacement les ressources d’une large zone en y répartissant de multiples nids satellites.

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DÉMOGRAPHIE : Les colonies peuvent atteindre une démographie importante, la population à maturité peut atteindre 10 000 ouvrières.

PARTICULARITÉS COMPORTEMENTALES : Lasius niger fourrage très activement au sol comme dans la végétation, et est capable d’efficacement monopoliser les ressources alimentaires de ses biotopes par d’importants recrutements et de denses colonnes de fourragement reliant directement le nid aux sources de nourriture. Cette espèce très agressive entrera régulièrement en compétition avec les autres colonies alentours, y compris de sa propre espèce.
L. niger est la cible du parasitisme temporaire de diverses Lasius du groupe umbratus. En outre, de nombreux arthropodes myrmécophiles, commensaux comme parasites, se retrouvent souvent dans ses vastes nids.

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ALIMENTATION : Le régime alimentaire de Lasius niger se constitue en grande partie de liquides sucrés, et notamment du miellat des pucerons qu’elles exploitent dans la végétation. Elles défendent farouchement ce « bétail », et repoussent prédateurs, parasites ou même autres fourmis qui tenteraient de se les approprier. Parfois, ces pucerons seraient même emmenés à l’intérieur du nid pendant l’hiver, avant que les ouvrières ne les fassent remonter sur les plantes au printemps afin de directement recommencer à profiter de leurs sécrétions sucrées.
Au-delà de ce mutualisme particulièrement poussé, Lasius niger n’hésite pas à se nourrir d’autres substances sucrées, telles que le nectar de fleurs ou les fruits. De petits insectes, morts comme vivants, sont également récoltés et permettent de satisfaire les besoins en protéines des larves.

ESSAIMAGE : Les essaimages de Lasius niger sont susceptibles d’avoir lieu dès juin et de se prolonger jusqu’à début septembre, bien que l’essentiel des envols aient lieu en plein été. La densité des colonies et leur production importante de sexués peuvent mener à des essaimages particulièrement massifs, après lesquels de très nombreuses reines désailées peuvent être observées durant leur recherche d’un emplacement où fonder. Lorsque la météo le permet, il n’est pas rare que des essaimages aient lieu plusieurs jours d’affilée.

GYNIE : Strictement monogyne : une unique reine assure la reproduction dans les colonies établies. Cependant, lors de la fondation, plusieurs reines peuvent se réunir en pléométrose, et élèveront ensemble leurs premières générations d’ouvrières avant que les gynes surnuméraires ne soient éliminées à terme.

FONDATION : Claustrale. Après l’essaimage, les gynes creusent une loge dans la terre et ne se nourrissent pas jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières.

CYCLE DE DÉVELOPPEMENT : Endogène et hétérodynamique : le ralentissement de l’activité en vue de l’entrée en diapause est notamment induit par l’horloge interne de la colonie. Les larves freineront alors leur développement, avant d’hiverner et de reprendre leur croissance au printemps.

4) Répartition :

Cette espèce se rencontre partout en Europe, elle est aussi présente sur la quasi totalité du continent Asiatique, et a colonisé l’Algérie et le centre du continent Nord Américain.

 

5) Élevage :

TEMPÉRATURE DE MAINTIEN : Cette fourmi tolère une large gamme de températures, et pourra ainsi être aussi bien maintenue à 18 qu’à 26 degrés. Afin de permettre un développement optimal, créer dans le nid un point chaud jusqu’à 27 degrés tout en conservant la fraîcheur dans le reste de l’installation pourra toutefois lui être favorable.

FONDATION : L’espèce est facile à faire fonder. Une gyne sera mise seule en tube. Jusqu’à l’arrivée des premières ouvrières, il n’est pas nécessaire de nourrir votre reine. Il est aujourd’hui observé que nourrir une gyne, une unique fois avant sa première ponte, permet de booster le nombre d’imagos de première génération.  

SET UP : N’étant pas foreuse, vous pouvez élever votre colonie dans de nombreux types de matériaux. Il faut cependant faire attention à ce que votre nid offre une humidité suffisante au développement des larves. Les cocons seront souvent situés au point chaud et sec du nid. 

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HYGROMÉTRIE : Entre 40 et 70 % de la surface du nid doit être humidifiée ; ces fourmis sont relativement tolérantes sur ce paramètre.

DIAPAUSE : Lasius niger est endogène et hétérodynamique. Il est obligatoire de respecter le cycle biologique. Lorsque vous observerez un arrêt de la ponte de votre reine, arrivant naturellement aux alentours d’octobre, descendez progressivement la température de votre colonie jusqu’à environ 4 à 10 degrés. Placez ensuite votre colonie dans une pièce froide dont les températures fluctuent peu, et ce jusqu’au mois de mars. De nombreux éleveurs préconisent, pour leur diapause, l’utilisation d’un petit frigo ou d’une cave à vin. Il n’est pas nécessaire de nourrir votre colonie pendant cette période. Mais vous pouvez vérifier une fois par mois qu’il n’y ait pas d’inondation causée par la condensation.

ALIMENTATION EN ÉLEVAGE : Elles sont très opportunistes et se contentent de tout. Comme la plupart des fourmis, elles seront principalement nourries de substances sucrées (pseudo-miellats, beetle jelly, fruits…) et d’insectes. Il est parfois préférable de ne leur distribuer les liquides sucrés qu’imbibés dans du coton afin d’éviter les noyades, qui seront plus problématiques pour une jeune fondation avec peu d’ouvrières. Les petites fondations risquent de bouder nombre d’insectes, car timides lorsqu’elles sont peu nombreuses. Préférez les insectes fraîchement tués issus d’élevage car plus attractifs que les aliments congelés.  

FOREUSE ? : non.

DÉTAILS À AJOUTER : Espèce facilement trouvable sur la quasi totalité du territoire européen. Nous vous conseillons de trouver cette espèce par vous-même lors des essaimages car elle pullule au sol à ce moment, ou bien d’en récupérer une offerte par un autre éleveur en possédant. L’achat de cette espèce n’est pas nécessaire au vu de sa facilité à en récupérer. 

DIFFICULTÉ D’ÉLEVAGE : Très facile. En effet, c’est l’une des deux espèces que l’on recommande le plus pour les débutants (la seconde étant Messor barbarus), pour sa capacité à mieux encaisser les erreurs de débutant et sa facilité d’élevage. En revanche, sa facilité d’élevage n’en fait pas pour autant une espèce inintéressante à maintenir sur le long terme.

Source et crédits :
– http://www.antarea.fr
https://antwiki.org
– https://antmaps.org/
– et l’expérience de nos éleveurs.

Photographie de couverture : Katja Schulz.

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